Jacques Girault : « la fonction de maire a occupé une grande partie de ma vie »

11 mars 2020
Jacques Girault devant la mairie d'Autry-le-Châtel

Jacques Girault, encore maire d'Autry-le-Châtel pour quelques jours, devant le fronton de sa mairie

Le 24 mars, cela fera 31 ans que Jacques Girault, ancien proviseur du lycée Bernard Palissy de Gien, s’est mis au service de sa commune, Autry-le-Châtel. Cinq mandats, de 1989 à 2020. « La première fois, avoue-t-il, ça s’est fait un peu par hasard. Il y avait un projet de stockage de pyralène (liquide polluant, dangereux et explosif) dans le village. Avec une poignée d’habitants, nous nous sommes mobilisés contre ce projet. C’était en 1989. Notre petit groupe a constitué une liste et s’est présenté aux municipales. » Les opposants au projet avaient peu d’espoir d’être élus. Et pourtant, leur liste obtiendra sept sièges, comme celle du maire sortant ! Un candidat indépendant, détenant un siège, fera pencher la balance en leur faveur. « Il fallait désigner un maire et ça me faisait envie. Je n’avais pas conscience du temps que cela allait demander, alors j’y suis allé. J’ai rencontré des personnes qui ont considérablement minimisé les choses ! Mais même en sachant le travail que ça demanderait, j’aurais sans doute franchi le pas un jour… »

Un vrai engagement

Jacques Girault reconnaît que la prise de fonction nécessite un gros apprentissage : « On n’y connait pas grand-chose au démarrage. L’urbanisme, les travaux, les appels d’offre… On n’a jamais l’occasion d’aborder cela dans sa vie en tant que particulier. Il faut apprendre. Et il faut apprendre vite car on est rapidement confronté à des prises de décision. » Des décisions à prendre et un très gros travail à fournir au quotidien… « On s’aperçoit rapidement qu’être maire, c’est un vrai engagement. Il y a de nombreuses applications à la fonction de maire que je n’avais pas mesurées. J’ai eu la chance d’être épaulé par un secrétaire de mairie très expérimenté qui connaissait bien le village, ses habitants et les dossiers. Ça a réellement été facilitant. Et la chose m’a plu. Ce qui m’a toujours motivé, ce qui m’a toujours poussé, c’est de trouver des solutions pour que notre village aille toujours vers le "mieux", qu’il se développe, qu’il apporte toujours plus de bien-être aux habitants. Au bout d’un mandat, on a envie de poursuivre ce qu’on a commencé. Alors, on y retourne ! Entre le temps où on a une idée et le moment où elle voit le jour, il peut s’écouler plusieurs années si bien qu’on a toujours un projet en cours. On a lancé quelque chose et on veut vraiment le voir aboutir. Ce sont des projets auxquels on croit, auxquels on tient. Dans ces conditions, c’est difficile d’arrêter. C’est une grosse machine qui nous entraîne. Mais, à un moment donné, il faut savoir dire stop, sinon, on ne s’arrêtera jamais. »

Céder son fauteuil de maire, une décision difficile

Alors que Jacques Girault a encore des projets en cours et mille idées pour Autry-le-Châtel, il décide néanmoins, après moult tergiversations, de passer la main. « Dans quelques jours, j’aurai 70 ans et six ans, c’est long. Je ne voulais pas prendre le risque de faire le mandat de trop, un mandat à moitié. Je m’arrête aujourd’hui en ayant la sensation que les choses ont été faites et bien faites. La charge de travail est importante, même pour un village. Dans une petite commune, le maire fait tout et il n’est pas que maire. Il est élu à la communauté de communes, au syndicat de pays, au Sivom, il est membre de l’Association des maires du Loiret... Si on veut que sa commune soit reconnue et identifiée, il faut être présent partout. Et puis, les procédures administratives deviennent de plus en plus lourdes. On est devenu tatillon sur tout. Je tire d’ailleurs mon chapeau au président du Département, Marc Gaudet, qui a su engager sa collectivité vers une simplification administrative, notamment pour les dossiers de demande de subventions. » Malgré tout, des habitants ont monté une liste pour prendre sa suite : « Tant mieux parce qu’il n’y a rien de pire qu’une commune pour laquelle il n’y a pas de candidat ! L’équipe qui prendra notre suite découvrira l’ampleur de la tâche en temps utile en gardant, je l’espère, son enthousiasme et l’envie de se retrousser les manches dans la durée. »

L’après

Après une vie d’élu aussi remplie, le passage à un quotidien moins effervescent ne va pas forcément être simple à gérer. Jacques Girault le concède : « Être maire va forcément me manquer. J’ai encore du mal à me dire que ça va s’arrêter dans quelques jours. Ça a été une décision difficile à prendre. J’ai été indécis jusqu’à la veille. Mais, à un moment donné, il fallait trancher, assumer une décision quelle qu’elle soit. Ça va me manquer de ne plus venir à la mairie, de ne plus avoir le même rapport aux habitants… L’agenda va s’alléger. Ça va laisser un grand vide. Mais la nature en ayant horreur, je vais rapidement trouver de quoi le combler ! Du repos, d’abord. Et puis, la reprise du sport. Du vélo, du golf. Du jardinage aussi. Et puis, l’écriture. Je ne sais pas si ça mènera à quelque chose. Je vais essayer de prendre un peu de recul sur les événements de ma vie, de les mettre un peu en perspective. J’ai envie de formaliser tout ce que j’ai vécu par l’écriture. Je regrette d’ailleurs de ne pas l’avoir fait avant, de ne pas avoir tenu un journal de bord. On verra où ça me mènera, peut-être que je calerai à la troisième page ! »

Bon vent, Monsieur le maire !

Mélanie Potau

Quand on lui demande une anecdote marquante, Jacques Girault revient sur le petit mot que Serge Reggiani lui a envoyé il y a quelques années : « il me félicitait du bon entretien des chemins de randonnée de la commune. Ça m’a fait énormément plaisir. C’est un artiste que j’admirais beaucoup. »

15-22/3
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