L’ami gagne ses lettres de noblesse

22 octobre 2018

L’Atelier musée de l’imprimerie (ami) a ouvert ses portes vendredi 28 septembre. Visite guidée de ce lieu magique, culturel et impressionnant.

Musée de l'imprimerie AMI Malesherbes - 2

« C’est un musée vivant : actif, interactif et réactif ! », déclare Jean-Paul Maury, président du lieu. L’édifice est visible de loin avec son totem tatoué aux couleurs primaires (cyan, magenta, jaune, noir). Dès les portes franchies, vous entrez dans le vif du sujet : 4 000 m2 et 700 pièces exposées.

Aux origines de l’imprimerie

Ressemblant à un pressoir à vin, la presse à imprimer créée par Gutenberg vous accueille. L’inventeur allemand a aussi conçu une technique de production de caractères en métal et des encres plus fluides que celles utilisées par les moines copistes. « Il a imprimé la première bible en 1450 », déclare Jean-Paul Maury. Ce véritable passionné, petit-fils et fils d’imprimeur, est tombé dans l’encre dès son plus jeune âge. Il connaît tout sur le bout des pages concernant l’évolution de l’imprimerie (lithographie, héliogravure, sérigraphie, typographie, offset, numérique…). « Un musée historique interactif et familial grâce aux animations. Les visiteurs créent eux-mêmes leur document en passant d’atelier en atelier : papier, calligraphie, façonnage… »

Hommages

Un hommage est rendu aux créateurs de polices de caractères comme Bodoni ou Didot, toujours utilisées et répertoriées sur une frise chronologique. Hommage rendu aux éditeurs imprimeurs ; aux auteurs : Dumas et Eugène Sue, premiers feuilletonistes à vivre de leur plume, et à Balzac. Hommage rendu aussi à la presse (le premier journal écrit et fabriqué par des femmes s’appelait La Fronde). Plus loin, un atelier évoque la Résistance qui fabriquait de faux papiers, des tracts et journaux et imprimait autant de pages que la presse de Vichy !

Machines en cage

Certaines grosses machines d’imprimerie sont en cage pour éviter que les petites mains se coincent dans leurs rouleaux pendant les démonstrations !

Ces presses, de la plus petite pour les travaux de ville (cartes de visite, faire-part…), à la plus grosse, la bookmatic qui imprime six cents pages par feuille, impressionnent par leurs mécanismes dignes de ceux utilisés par les horlogers. Ici, l’offset qui a imprimé en retiration - recto et verso en même temps -, L’Archipel du goulag de Soljenitsyne. Là, la presse sur laquelle était tiré le journal d’Édimbourg jusqu’en 1976 qui a été démontée et remontée au musée.

Le Département partenaire du projet

Afin d’aménager le musée, des scénographes, graphistes, menuisiers, serruriers, électriciens ont été choisis pour la qualité de leur travail et leur proximité géographique avec le musée.

Des films, trouvés auprès de l’Institut national de l'audiovisuel (Ina), Gaumont actualités et des frères Lumière rythment la visite. Les différents secteurs du parcours sont identifiés par couleurs rendant la déambulation claire et ludique. Le musée est si foisonnant que vous apprendrez toujours quelque chose et vous reviendrez car il y aura toujours des nouveautés et des expositions temporaires.

Le Conseil départemental a été le premier partenaire à adhérer au projet en allouant une subvention de 390 000 euros. Chantal et Jean-Paul Maury ont confié leur collection qui retrace deux cents ans d’histoire de l’imprimerie au musée souhaitant transmettre leur passion et pourquoi pas susciter des vocations ?

Édith Combe

 

 

L’atelier musée en bref

Superficie : 4 000 m2.

Une époustouflante collection de 700 pièces exposée

Pour toute la famille : démonstration de fabrication de papier ; ateliers de calligraphie, d’impression et de façonnage.

Un potentiel de 50 000 visiteurs annuel : dont 40 % de scolaires et 40 % de public familial.

Un billet d’entrée au prix de 8 € par personne/ 4 € pour les enfants et groupes

Coordonnées : 70, avenue du général Patton 45330 Malesherbes

Téléphone : 02 38 33 22 67

Si Balzac nous est conté

Une place de choix est faite à Honoré de Balzac. Le grand écrivain occupe à lui seul l’un des cinq petits théâtres du musée.
Jean-Paul Maury est fier de ses acquisitions : la presse de Balzac et l’ensemble de La Comédie humaine, l'une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française. Balzac s’est installé imprimeur en 1826. Il fait faillite en 1828. Criblé de dettes, il décide de rembourser ses créanciers jusqu’au dernier sou. Il devient alors « un forçat de la plume », écrivant jusqu’à vingt heures par jour. Avec La Comédie humaine, écrite de 1830 à 1856, l’écrivain veut faire une « histoire naturelle de la société ». Ici, elle est à l’abri derrière une vitrine puisqu’il s’agit de livres originaux. C’est dans le volume des Illusions perdues que Balzac évoque son métier d’imprimeur.
 

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