Michel Dubois, en haut de l’affiche !

18 février 2020

Jusqu’au 5 avril se tient l’exposition La sérigraphie s’affiche avec Michel Dubois à la collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier à Orléans. Elle revient sur le parcours atypique de l’orléanais et élève l’affiche au rang d’œuvre d’art.

Exposition sérigraphie - Michel Dubois - 6 - affiche Quarez

« C’est Brigitte, ma femme, qui a eu l’idée de cette exposition, raconte Michel Dubois. Puis la mairie d’Orléans a pris le projet à bras le corps et je suis très honoré de l’intérêt qu’elle me porte. » Michel Dubois, sérigraphe de renom, cultive la modestie. Pourtant, ce passionné a réussi.Il a commencé sur le Tour de France, pour Danone. Il appliquait les décalcomanies réalisées en sérigraphie. En 63, il a repris l’atelier de son père. « C’est posé le problème des séries. Je me suis souvenu de l’adresse du fournisseur de mon ancien patron. Je l’ai contacté. Il m’a envoyé un cadre, une raclette et de l’encre. » Michel a appris seul, réalisant des tests, se passionnant pour la technique. En 1967, il réalise la première affiche pour les Floralies d’Orléans en sérigraphie. « J’ai participé au développement de la publicité réalisée en petite et moyenne série jusque dans les années 2000, moment de l’arrivée du numérique. »

Édith Combe

L’aventure américaine

Orléans fait partie du comité franco-américain pour la restauration de la statue de la liberté en 1985. L’année suivante, Michel Dubois est mandaté par le maire d’Orléans, Jacques Douffiagues, pour offrir le poster créé par Charline, Miss Liberty au maire de New York, Ed Koch, et l’inviter aux fêtes de Jeanne d’Arc. L’orléanais tombe alors amoureux de la grosse pomme. Comme chaque touriste qui se respecte, il se rend au MomA (musée d’art moderne) et se rend compte qu’il n’y a pas d’affiche à vendre. Il fait une étude de marché avant d’offrir au célèbre musée cinq cents posters d’Oskar Schlemmer. Ils se sont vendus comme des petits pains, puisque le MomA passe une commande un mois après !

Et l’aventure américaine de Dubois sérigraphie ne s’arrête pas au MomA. Michel ouvre un bureau à New York mais imprime à Orléans. Et il imprime ! Il imprime aussi pour le Brooklyn Museum (2e en importance à NY), le musée d’art contemporain de Chicago et des agences de pub. Ailleurs dans le monde, la petite imprimerie ne connaît pas crise puisque le Guggenheim et le musée des beaux-arts de Montréal font appel à ses compétences. Fort de son succès, Michel Dubois se voit ouvrir les portes du Louvres et du centre Georges-Pompidou, des opéras Garnier et comique, des galeries d’art parisiennes (notamment pour les expositions de Bernard Buffet). Il travaille aussi pour le musée des beaux-arts d’Orléans, le Cado, Orléans Jazz. Il a ainsi rencontré de grands graphistes, à l’image de Quarez, dont six affiches sont exposées aujourd’hui. « Il régnait une atmosphère de travail et de grands artistes se pressaient dans l’atelier ! », se souvient Jean-Dominique Burtin, ami de Michel Dubois.

Exposition sérigraphie - Michel Dubois - Affiches Statue de la liberté encadrées

Des couleurs plein la tête

« Mon affiche préférée ? Celle de Marylin par Wharhol ! » Un chapitre de l’exposition lui est consacrée et elle est accrochée au centre du chœur de Saint-Pierre-le-Puellier, profitant d’une belle lumière, mettant en valeur ce mélange d’or et de cuivre. Pour la réaliser, il a fallu pas moins de neuf passages ! Cette affiche a obtenu la médaille d’or à Amsterdam. Et des médailles ou récompenses, le sérigraphe en a reçu ! Les Noces de Cana ont obtenu la médailles d’Or à la Nouvelle-Orléans de la part de l’association mondiale de sérigraphie… c’est l’équivalent d’une médaille d’or aux JO. Des courriers attestent aussi du ravissement de ses clients. Et aujourd’hui, ce sont les visiteurs de l’exposition qui sont ravis : samedi à 18 h, ils étaient encore nombreux à contempler les posters !

Exposition sérigraphie - Michel Dubois - Affiche Marylin

Zoom sur la sérigraphie

La sérigraphie est une technique d’imprimerie. Elle utilise des pochoirs, en tissus, interposés entre l’encre et le support. La couleur est disposée en applat : 1 couleur égal 1 pochoir. Les supports utilisés sont variés (papier, carton, textile, métal, verre, bois, etc.). Un fort dépôt d'encre garantit une couleur intense, durable dans le temps, et une bonne opacité. Elle est intéressante économiquement même pour de courts tirages.

Ce sont les chinois qui ont inventé la sérigraphie durant la dynastie Song (960-1279). Ils l’ont importé aux États-Unis au 19e siècle lors de leur immigration. Puis, les américains sont venus libérer la France avec cette technique dans leurs bagages : chaque campement américain possédait son atelier de sérigraphie pour marquer leurs véhicules militaires et la signalétique de leur camp. En France, en mai 68, la sérigraphie est utilisée pour marquer la contestation estudiantine. À la fin des années 70, cette technique connaît un bel essor. C’est à cette date que Michel Dubois crée son atelier à Orléans. Il a également contribué à la création d’une classe de sérigraphie au lycée professionnel Paul-Cornu de Lisieux, en 1991, qu’il a accueilli à l’ouverture de l’exposition.

Exposition sérigraphie - Michel Dubois - 4 - atelier sérigraphie

Informations pratiques

Horaires d'ouverture • du mardi au dimanche, de 14 h à 18 h • sur réservation le matin pour les groupes

Animation atelier les samedis de 15 h à 17 h 30

Visites commentées tous les dimanches à 16 h

Conférence de Michel Dubois Une aventure américaine, le 5 mars à 18 15

Exposition sérigraphie - Michel Dubois - Affiche avec les yeux de la Joconde
Exposition sérigraphie - Michel Dubois - Affiche Basquiat
Exposition Sérigraphie - Michel Dubois - 2 - devant affiche faite de lettres
Exposition Sérigraphie - Michel Dubois - 3 - devant affiche Inde merveilleuse

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