Crise sanitaire : une crise sociale à venir ?

23 avril 2021

Emploi, logement, budget, violences… La crise a eu des impacts sur de nombreux pans de la vie de nos concitoyens. Et les Maisons du Département sont en première ligne pour accueillir et conseiller les usagers quand ils n’ont plus d’autres solutions que de demander à l’aide.

Accueil d'un usager dans une MDD

« Nous nous attendions à un rush en septembre, expliquent Isabelle et Gaëlle, responsables du service Accueil et Accompagnements aux Maisons du Département (MDD) de Gien et de Montargis. Il est arrivé beaucoup plus tardivement, en janvier, avec des profils d’usagers que nous n’avions pas l’habitude de recevoir : des intérimaires, notamment, qui ne trouvaient plus de contrats et venaient nous consulter pour des problématiques budgétaires. »

« C’est une crise qui touche toutes les tranches d’âge, complète Peggy, responsable du service Accueil et Accompagnements à la MDD de Pithiviers. Mais elle est notamment difficile pour les jeunes coupés de liens sociaux. Certains d’entre eux n’ont pas pu reprendre les cours : ils n’avaient plus de petits boulots pour financer leurs études. Cette situation accentue les fragilités et le poids du quotidien déjà compliqué hors crise sanitaire. Nous maintenons les suivis en cours en adaptant nos pratiques mais il est parfois difficile pour certains usagers de rester dans une dynamique d’actions ou de recherche d’emploi au vu du contexte. »

« Nous n’avons pas encore tout vu »
Autre tendance relevée par ces agents : les demandes de rendez-vous de la part de retraités. « Ils sont perdus face à tout ce qui touche l’administratif, relèvent Isabelle et Gaëlle. On peut supposer que les endroits où ils allaient pour se faire aider sont moins faciles d’accès en ce moment, tout comme l’entourage familial qui est peut-être moins présent physiquement pour les épauler. »

Les travailleurs sociaux ne sont pas optimistes pour la suite : « Nous nous attendons à de nombreux dépôts de bilan d’entreprises quand les aides de l’État prendront fin. Des sociétés qui font appel à des petits contrats. Ça pourrait très vite devenir problématique. Et nous n’avons pas encore vu toutes les situations. D’autres vont nous arriver, notamment avec la réforme de l’assurance chômage à venir. » Car certaines personnes n’ont pas encore franchi le cap des demandes d’aides sociales. « Les procédures d’instruction pour les situations de surendettement, par exemple, sont plus longues actuellement. Les gens sont dans un réflexe de survie. Ils ont laissé des factures de côté, le loyer par exemple, sachant que depuis mars 2020, il n’y a pas d’expulsion. Quand ils seront sollicités par les huissiers, ils viendront nous voir en urgence pour qu’on les aide à trouver une solution qu’on aurait pu trouver plus sereinement et plus facilement il y a quelques mois. Il y a aura un deuxième effet de la crise. »

C’est clair, les agents ne sont pas sereins. « Nous sommes préoccupées par l’impact que cette crise va avoir sur les plus fragiles même si, pour l’instant, ce ne sont que des signaux faibles. » Des signaux faibles, oui, mais pour encore combien de temps ?
 

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