LAÉ : là où les femmes victimes de violences peuvent venir se confier

16 novembre 2021

Le LAÉ est un lieu d'accueil et d'écoute des femmes victimes de violences familiales. Là, elles peuvent recevoir soutien et conseils, sans jugement aucun, quelles que soient les décisions qu'elles envisagent de prendre pour l'avenir. Des décisions qui semblent beaucoup plus évidentes quand elles réalisent que leurs enfants, même témoins indirects, sont également impactés.

Une femme victime de violences familiales porte sa fille dans ses bras

Le Lieu d’accueil et d’écoute (LAÉ) est un dispositif multipartenarial qui permet aux femmes victimes de violences d’être reçues, écoutées et conseillées par des professionnels. « Le premier contact se fait par téléphone mais les rendez-vous suivants ont lieu en présentiel, au plus proche du domicile de la victime (Gien, Montargis, Orléans ou Pithiviers) », explique Dominique Laurent, cheffe de service au LAÉ. Cette première approche donne lieu à une évaluation qui permettra de déterminer quel type de professionnels (deux à chaque fois) la victime devrait rencontrer, selon ses besoins. Un juriste ? Un travailleur social ? Un psychologue ?

« Nous recevons des femmes qui vivent encore au domicile conjugal, qui sont encore en lien avec l’auteur des violences. Nous accueillons également des femmes qui sont parties mais qui peuvent être encore sous l’emprise de l’auteur. Toutes ces femmes sont affectées par des années de violences physiques, morales, psychologiques, économiques… Elles ont besoin d’en parler. Les rendez-vous sont très chargés en émotion. Très souvent, les femmes que nous rencontrons n’ont jamais parlé de leurs problèmes à qui que ce soit. Elles ont toute liberté pour exprimer ce qu’elles ressentent. Si elles le souhaitent (et uniquement si elles le souhaitent), nous pouvons leur proposer d’autres rendez-vous, sur un laps de temps aussi long que nécessaire. Les dossiers sont conservés. Même si les femmes ne nous recontactent qu’un an après le dernier rendez-vous, elles seront reçues par les mêmes professionnels de façon à ce qu’elles n’aient pas à tout répéter. Il est important qu’elles sentent que ce sont elles qui décident du contenu de cet espace. Il n’y a aucun jugement quelle que soit la décision qu’elles prendront. L’accueil est anonyme, confidentiel et gratuit. Nous sommes soumis au secret sauf si nous jugeons que les enfants sont en danger. Dans ce cas, nous travaillons avec les victimes pour déposer un signalement auprès de la Cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) ou du procureur. »

Des enfants qui ont appris à se tenir de côté

Les violences familiales commencent, dans 80 % des cas, après la naissance d’un premier enfant. Les choses se cristallisent alors. La femme cherche souvent à excuser l'auteur des violences : « Il me frappe mais c’est un bon père ». Une phrase qui fait réagir Dominique Laurent : « Ce n’est pas un bon père s’il exerce des violences sur sa compagne devant ses enfants. Les enfants entendent leur mère être insultée, humiliée, rabaissée. Et ils sont aussi victimes. Il y a souvent comme un effet de sidération quand les femmes réalisent cela. Et c’est aussi souvent le déclic pour décider de se séparer de l’auteur. »

Tous les milieux sociaux sont concernés quand on parle de violences familiales. Mais, « plus le milieu familial est normé, plus c’est compliqué de parler et de partir. Partir, c’est quitter un positionnement social, c’est se sentir déclassé. C’est aussi perdre un niveau de vie et ne plus pouvoir offrir à ses enfants ce que leur père continue à leur offrir. Il redore son image. C’est douloureux pour la victime. Elle devient la mauvaise personne. Celle qui a empêché la famille de tourner rond. Pour l’auteur des violences, l’enfant devient un moyen de maintien de l’emprise sur la femme. »

Pendant les entretiens, les enfants sont extrêmement attentifs à leur mère. « Ils ne la quittent pas des yeux et, quand elle pleure, ils pleurent ou crient, ne veulent pas quitter ses genoux. Il y a une grande osmose entre eux et leur mère. Ils sont en extrême vigilance, inquiets en permanence. Les plus grands, les 6-7 ans, sont très souvent nerveux, hyperactifs. Ils vont nous observer, étudier nos réactions quand leur mère raconte son vécu. Ce sont des enfants qui ont appris à se tenir de côté ou, quand ils sont plus grands, à s’interposer. »

Chaque année,

LAÉ reçoit entre 300 et 400 femmes, parfois accompagnées de leurs enfants.

Contacter le LAÉ : 02 38 52 10 10

Revenir en haut de page