Quand le collège fait de l’entreprise un cas d’école

23 novembre 2022

L’option mini entreprise du collège orléanais Jean Dunois cultive à des élèves de troisième l’esprit entrepreneurial. Au programme : la création d’une entreprise, de l’idée à la commercialisation d’un produit, en passant par les entretiens d’embauche.

« Qui a déjà vu un collégien en costume-cravate en cours ? ». Lui, oui, même s’il en rit toujours. Le professeur Hamid El Gazri de l’établissement orléanais Jean Dunois, chaperonne pourtant un jeudi après-midi ordinaire dans une classe extraordinaire. « Aujourd’hui, ces élèves de troisième passent des entretiens d’embauche face à des professionnels », éclaircit-il. Dans une salle adjacente, Diane Labrousse, chargée de relations entreprises chez Polytech Orléans, et Paula Houry, de l’Accadémie Orléans-Tours, interrogent les collégiens. « Quels sont vos atouts ? Vos activités extrascolaires ? Que changeriez-vous à nos méthodes ? », telles sont leurs questions auxquelles répondent les futurs directeurs généraux, RH, financiers, techniques, relation clients ou communication et marketing de leur propre société naissante.

Plus globalement, ces entretiens d’embauche entrent dans l’option mini entreprise. Quatorze élèves de troisième retenus pour leur motivation, succès oblige, y consacrent trois heures par semaine sous la tutelle de l’enthousiaste professeur de technologie au passé d’entrepreneur. « Les élèves ont la mission de créer une start-up, retrace Hamid El Gazri. Ils trouvent une idée de produit ou de service, puis élaborent des études de marché et de conception jusqu’à la commercialisation. Durant l'année scolaire, des professionnels de nos dix partenaires, Adecco, Excelia ou la Métropole entre autres, interviennent pour partager leur expertise spécifique à chacun, que ce soient la comptabilité, la gestion de projets, la communication... » Ainsi, des dix millésimes du cru Dunois ont poussé de belles récoltes : un timbre connecté joignant des photos/vidéos à l’usée carte postale, des emballages faits de tissus recyclés, du compostage de déchets alimentaires en lien avec Veolia, un gant de bricolage avec lumière intégrée…

 

La valorisation des compétences

« Par cette option mini entreprise, les élèves découvrent le monde économique, s’enivre le professeur. Ils transforment une idée en un produit, ce qui implique le travail d’équipe, la prise de parole en public, des analyses diverses, la rédaction d’un rapport d’activités… Ils attestent par eux-mêmes de l’utilité des mathématiques, du français ou de la gestion dans la vie future, quand nombre de leurs camarades n’y décèlent pas l’intérêt. » Les rh du jour, de Polytech Orléans et de l’Accadémie, annexent à ce glorieux cv la mise en valeur de compétences. « Nous en oublions beaucoup mais pensons sans cesse à critiquer le niveau. Alors qu’ici, à l’oubli des notes, ils affrontent les difficultés par le courage et l’étonnant don de soi. Trop tôt ?, reprennent-elles la question. La culture d’entreprise arrive toujours en retard, l’orientation se joue avant le bac. » Les élèves de troisième ne sauraient leur donner tort. Arthur aspire à fonder une boîte de robotique, Ismaël de cybersécurité. Clara, Gabrielle et Ylana, si elles s’imaginent plutôt dans la danse, le graphisme ou l’animalier, ont tenté l’aventure par curiosité pour ses échos et y ont trouvé un esprit d’équipe où pallier la timidité.

Le Département du Loiret agit pour les collèges

L'offre pédagogique mini entreprise, d'ailleurs déclinée de la demi-journée à 70 heures, est née de l'association Entreprendre pour apprendre (EPA). En 2021/2022, la proposaient cinq collèges du Loiret : le Jean Dunois évidemment, mais aussi le Jean Moulin d'Artenay, le Max Jacob de Saint-Jean-de-la-Ruelle, le Jean Rostand d'Orléans et le La Croix Saint-Marceau d'Orléans (privé). Acteur indéfectible de l'éducation, le Département subventionne évidemment l'association, à la hauteur de 3 500 euros par an, mais ses missions s'étendent bien au-delà à l'intérieur même des frontières des collèges. La collectivité territoriale débloque des centaines de millions d'euros à chaque mandat pour les constructions et rénovations de ses 60 établissements publics. Elle tient des services d'e-éducation, des outils numériques pédagogiques facilitateurs, ou aide encore les collégiens dans leur recherche de stage via la plateforme Décroche ton stage.

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