Allaitement - Un papa témoigne : « Jamais je ne me suis senti exclu »

15 octobre 2021

Témoignage d’un papa qui a su trouver sa place au sein de sa famille agrandie par l’arrivée de son petit garçon et qui a encouragé sa femme à allaiter, malgré les difficultés.

Allaitement de bébé avec papa enlaçant maman

« Je m’appelle Corentin, j’ai 32 ans. Je suis le papa de Lucien né le 25 août 2020. Je suis artiste indépendant et je travaille donc à la maison, ce qui m’a permis d’être pleinement présent lors de la naissance de notre fils. Avant même que Marie ne soit enceinte, nous savions que l’allaitement exclusif accompagnerait le début de vie de notre enfant : il y a la maman, le sein, le lait naturel et le bébé, quoi de plus évident ? La nature a tout prévu (et, pourtant, je n’ai moi-même pas été allaité !). Évident et naturel, mais pas simple.

Le 25 août 2020 à 2 h 15, Lucien était dans nos bras et prenait sa première tétée. Le début de son allaitement a été caractérisé par une montée de lait spectaculaire, un gros engorgement et un réflexe d'éjection fort qui obligèrent Lucien et Marie, fiévreuse, à rester une nuit supplémentaire à la maternité. Tout cela n’a pas manqué d’intérêt pour toute l’équipe des sages-femmes et auxiliaires de puériculture qui nous a merveilleusement et chaleureusement accompagnés, soutenus et encouragés dans cette épreuve douloureuse. Lucien était pourvu d’un frein de langue trop court, engendrant des difficultés à allaiter et des crevasses. Il a fallu que Marie tire son lait toutes les deux heures pour désengorger (nous sommes rentrés à la maison avec un bon stock de lait). On lui appliquait des poches de chaud et de froid, des pansements de lait, de l’Osmogel, des feuilles de choux, des tisanes à la sauge, menthe et persil pour réduire la quantité de lait produite.

Nous sommes rentrés à la maison le 29 août. J’ai couru à la pharmacie pour récupérer le tire-lait que j’avais réservé lors du séjour à la maternité, élément absolument indispensable pour survivre à l’allaitement, dans notre cas. Nous avons poursuivi l’ensemble des soins décrits plus haut à la maison, nuit et jour, pendant des semaines. Le lundi suivant notre retour à la maison, nous sommes allés rencontrer Lise Moreau, consultante en lactation au lactarium du Centre hospitalier régional d’Orléans. Quelle joie cela a été ! Elle nous a joyeusement conseillé de poursuivre l’allaitement et de mettre Lucien au sein aussi régulièrement que possible et encouragés.

Ma place de père me semble limpide et évidente.

Trois semaines après la naissance de Lucien, l’allaitement était toujours éprouvant, et la poitrine de Marie très douloureuse, mais elle ne comptait pas abandonner. Nous nous demandions alors si nous devions continuer comme cela ou opter pour un allaitement mixte. À ce moment, nous sommes allés consulter Marie-Philippe Lebouchard-Maakaroun, consultante en lactation également. Rencontre tout aussi formidable !

De sa naissance à ses six mois, Lucien a merveilleusement profité de l’allaitement exclusif. C’est la partie cool de l’allaitement (malgré les nuits difficiles, comme de juste), il n’y a rien de plus simple et de plus pratique. L’enfant a faim, il tète le meilleur aliment qui soit. Le lait est instantanément disponible, à bonne température, il s’adapte et évolue conformément à la croissance de l’enfant et à ses besoins. C’est quand même incroyablement fascinant ou, comme dirait Marie : « C’est tellement naturel qu’on le pratique encore ! ». Après tout, c’est le résultat de millions d’années de recherche et développement supervisées par la Nature (nous ne rattraperons jamais ce niveau artificiellement !).

Au neuvième mois, nous avons constaté que Lucien se comportait différemment au sein et qu’il n’avait pas pris de poids de son 6e à son 9e mois. Le pédiatre nous a recommandé d’utiliser un lait artificiel que Lucien n’a pas toléré (fortes réactions cutanées). Nous avons donc contacté à nouveau Madame Lebouchard, toujours à l’écoute et disponible pour nous, qui nous a transmis moult idées et astuces pour relancer la lactation.

Aujourd’hui, Lucien tète toujours, le matin et le soir, en plus des tétées bonus de réconfort. Nous avons trouvé un équilibre et nous nous portons à merveille. Nous comptons poursuivre jusqu’à ce que Lucien en décide autrement.

Durant toute cette aventure et aujourd’hui encore, ma place de père me semble limpide et évidente. Le lien que je crée avec mon fils depuis son développement dans le ventre de Marie est immensément fort et ne cesse de se développer.

Contrairement à tout ce que j’ai pu lire et entendre - bien trop souvent je le déplore ! -, jamais ni la grossesse, ni l’exploit de l’accouchement, ni l’allaitement ou le lien viscéral qui unit la mère à son enfant ne m’ont fait me sentir "de trop" et n’ont diminué l’importance de mon rôle, au contraire. Je participe activement à chacune des étapes. J’ai réalisé d’innombrables pansements de lait, préparations de poches de chaud et de froid, tisanes, repas, j’ai bercé, changé des couches, parcouru des kilomètres avec Lucien en écharpe pour que Marie puisse se reposer et reprendre des forces… Oui, mon rôle a toujours été évident et important.

D’ailleurs, je suis présent lors des tétées car j’adore faire rigoler Lucien (et lui aussi adore cela !) tandis qu’il se nourrit, je crois même que maintenant il s’attend à ce que je vienne "l’embêter" lors des tétées.

J’espère que ce modeste témoignage pourra aider des familles et leur entourage à opter pour l’allaitement maternel. L’allaitement est pour moi un choix judicieux, un acte d’amour qui nécessite parfois de faire preuve d’une grande patience. Vive l’allaitement maternel ! »

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