Christelle Reboul chamboule le public du Cado dans Dom Juan

05 octobre 2021

C’est au Cado, devant un café crème, que nous avons rencontré Christelle Reboul, la veille de La première de Dom Juan - répétition en cours, nouvelle création de Christophe Lidon, directeur du théâtre. On la sent partagée entre timidité, fébrilité et joie de débuter ce nouveau spectacle.

Dom Juan s’installe au Cado pour une répétition en cours - Christelle portrait en blanc

Christelle est heureuse d’être en résidence à Orléans, « une ville qui respire le bien-vivre ». Elle connaît déjà le Cado et les spectateurs loirétains. Elle y a joué dans deux précédentes créations de Christophe Lidon, La vie rêvée d’Helen Cox, d’Antoine Rault, en 2019, et Un fil à la patte de Georges Feydeau, en 2017
Aujourd‘hui, c’est à Elvire qu’elle donne corps. « Elvire élève. Elle a quelque chose d’Édith Piaf et d’Ophélie dans son manque de Dom Juan. Lui s’interroge sur toutes les questions essentielles de l’humanité. Deux quêtes différentes. Elle se tournera vers Dieu. Elvire possède une folie mystique qui questionne sur qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on devient lorsqu’on n’est plus aimé ? Elle est une plaie ouverte. Humiliée par Dom Juan, elle reste très humble. Elle n’a plus d’orgueil, elle ose dire son manque. Elvire est intemporelle. »

Une équipe formidable

Dom Juan s’installe au Cado pour une répétition en cours - Christelle Reboul et Maxime D'aboville

 

 

 

 

 

« Le duo formé par Mac Citti, Sganarelle, et Maxime d’Aboville, Dom Juan, est superbe. Ces deux comédiens, aux énergies différentes, se complètent. Nous formons une belle équipe, se réjouit Christelle ! 80 % de la pièce, c’est le casting ! Chacun a sa façon de travailler. Nous cherchons tous en nous, dans nos souvenirs, notre imaginaire, et tous ensemble aussi, ici peut-être plus que d’habitude ! 
Le rôle du metteur en scène est très important, il appuie là où il y a une source d’émotion. En tant qu’acteur, nous avons cette souplesse de nous laisser faire, ne pas opposer de résistance. Il est bon de se laisser guider. C’est ce que fait Christophe Lidon. Il voit notre inconscient, il s’appuie sur une mémoire, un affect. Pourtant, nous ne sommes pas des marionnettes, nous proposons aussi. Ensemble, nous cherchons à mieux nous connaître, à lâcher nos défenses et nous osons car la scène est un endroit sacré !
»
 

Émotions

Dom Juan s’installe au Cado pour une répétition en cours - Christelle Reboul en Elvire

Christophe Lidon imaginait une Elvire simple, sur le fil du rasoir de la folie. Ainsi, Christelle Reboul arrive « les cheveux mouillés pour figurer une longue chevauchée dans les embruns pour retrouver Dom Juan et lui demander des explications. Je suis déstabilisée par le fait que les coulisses soient sur scène, j’utilise cette fragilité, cette mise à nu sans filet pour interpréter Elvire. 
Avant de jouer, j’ai besoin de silence. Avant d’entrer sur scène, habituellement, je me glisse dans les coulisses pour écouter mes camarades et le public. Ici, la frontière est déplacée. Je dois assumer le hors-champs, comme le fait de mettre une traîne avant d’entrer véritablement sur scène, pourtant seulement quelques spectateurs assistent à ce moment, tandis qu’en parallèle, l’action principale se déroule au centre du plateau.
»

Lorsqu'on évoque le public, on dit qu'il peut être bon ou difficile. Qu'en pensez-vous ?

« Chaque soir est différent. Parfois, les spectateurs sont bienveillants, empathiques, ont envie d’être là. On sent si quelques-uns sont venus un peu forcés, pour faire plaisir à leur femme ou leur mari ! On cherche la connexion, l’échange. Si chacun fait un pas alors c’est magique ! À d’autres moments, on va chercher le public et on est content lorsqu’on y arrive ! Je ressens toujours un immense plaisir de jouer ! »

Comment l’envie de devenir comédienne vous est-elle venue ?

« J’ai commencé le théâtre en sixième. Cela m’a sorti de ma timidité. Et puis, j’ai été éblouie par le jeu de Catherine Mouchet dans le film Thérèse d’Alain Cavalier. Je me disais que je voulais faire ressentir la même chose que ce que j’avais ressenti en la voyant ! »

Plus tard, Christelle prête sa voix à des doublages. Elle joue aussi au théâtre, notamment Amphitryon de Molière : « Les grands textes, ça soulève ! J’aimerais jouer du Racine. ». La télévision la sollicite pour des rôles très différents : des comédies, vous connaissez tous Nos chers voisins où elle campe une Amélie Dubernet-Carton très réaliste, une meurtrière dans un polar, une mère maltraitante… Comme le dit justement Christophe Lidon, « les acteurs sont des caméléons » et Christelle Reboul prend, ces jours-ci, la couleur noire de la robe d’Elvire, pour notre plus grand plaisir, jusqu’au 15 octobre où elle joue avec Maxine d’Aboville, Marc Citti, Jean-Marie Galey, Valentine Galey, Grégory Gerreboo, Mathieu Métral et Rose Noël.


Édith Combe
 

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