Comment les assistants maternels ont participé à l’effort collectif pendant le confinement

18 mai 2020

Marion, assistante maternelle loirétaine depuis 2014, a accepté, dès le début du confinement, d'accueillir chez elle des enfants de soignants travaillant en zone Covid+ à l'hôpital. Elle raconte.

Marion Froger, assistante maternelle

Pour Marion, garder des enfants de soignants pendant le confinement a été... naturel... « Je ne me suis pas vraiment posée la question : les parents avaient besoin de faire garder leurs enfants car les malades avaient besoin d'eux. C'est vrai que j'ai eu une petite appréhension au début mais dès que les petits sont là, on n'y pense plus ! On entre dans le quotidien, dans la logistique, dans le jeu... Finalement, la seule chose qui a changé, c'est que nous nous lavions les mains beaucoup plus souvent. Nous le faisions sous forme de jeu, ce qui a évité que ça ne devienne une contrainte. »
Marion gardait déjà Ines, 18 mois, avant le confinement. Dès la fermeture des écoles, elle a également accueilli son grand frère, Ezra, qui est par ailleurs « le meilleur ami de mon fils, et que je gardais quand il était petit ! Je me suis aussi occupée de Mathieu, le fils d'une de mes amies, qui est pharmacien. Quel trio les garçons ont immédiatement formé ! Ils étaient tellement contents d'être ensemble ! »

Rassurer et donner une place à chaque enfant

Marion a mis en place des gestes sanitaires élémentaires. Et le premier : pas de sortie ! « C'est ma mère qui a fait les courses pour nous pendant toute la durée du confinement ! Il était impossible de mettre en place une distanciation physique avec les enfants. Avec la petite de 18 mois, d'une part, et puis avec les garçons... Ils auraient été trop malheureux. Ça n'a pas été une période facile à vivre pour les enfants, coupés de leurs habitudes, de leurs repères... Ils avaient besoin de contacts, d'être rassurés. Avec la petite de 18 mois, qui porte les objets à la bouche, nous étions très vigilants, nous les mettions de côté et nous les lavions soigneusement. Une petite pression lors des repas, quand-même : j'avais toujours peur qu'ils partagent leur repas, échangent leurs couverts, leur verre... Les verres ne restaient pas sur la table entre les repas (ce que je fais d'ordinaire pour qu'ils puissent facilement aller se servir quand ils ont soif), nous changions les verres à chaque fois. »

Un quotidien ordinaire en temps extraordinaire

Hormis une stricte limitation des sorties, Marion a continué à travailler avec les enfants comme avant, par exemple en les associant à la préparation du goûter et en faisant en sorte que chacun ait sa place, son rôle. « Nous avons eu de la chance parce qu'il a fait très beau. Nous avons souvent pu aller dans le jardin. Nous avons fait du jardinage, nous avons planté des pommes de terre ! Nous avons lu des histoires, joué au memory (et à d'autres jeux de société), construit des cabanes, fait des coloriages, de la balançoire et de la motricité en utilisant les meubles de la maison (alors que d'ordinaire, on sort dans le bourg et on utilise le mobilier urbain). Nous avons pratiqué le yoga aussi. Pour le retour au calme quand les garçons s'étaient un peu trop excités en jouant aux chevaliers ! Il a fallu penser les choses différemment, mais toujours en utilisant le jeu comme vecteur pédagogique. »

Au-delà d'une relation employeurs-employée

Marion tient à souligner la bienveillance dont les parents ont fait preuve pendant cette période : « Nous avons essayé mutuellement de nous alléger la tâche. Eux en gardant leurs enfants l'après-midi quand ils étaient de garde de nuit par exemple. Moi, en élargissant mes horaires de 7 h 45 à 19 h. Nous avons essayé d'organiser les choses pour que tout le monde puisse souffler un peu de temps en temps. Si je dois retenir quelque chose de cette période, c'est la bienveillance. De leur part parce qu'ils ont malgré tout chercher à me ménager. Et inversement parce que je sais à quel point on a besoin d'eux. On se connaît depuis plusieurs années. On est dans un partenariat plus que dans une relation employeurs-employée. »

Et cette relation partenariale, c'est aussi une des choses que Marion apprécie dans ce métier... « Assistant maternel, c'est un métier passionnant. J'accompagne les enfants dans leur quotidien. Je les initie à un grand nombre de choses, tout en respectant leur rythme naturel, sans avoir un devoir de résultat. »

Mélanie Potau

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