Covid : pas une simple grippe !

13 novembre 2020

Le principal organe touché par la covid, ce sont les poumons. Mais pas seulement. Sphère ORL, cœur, intestins, peau… La maladie touche d’autres organes, rendant son diagnostic d’autant plus complexe. Entretien avec le docteur Thierry Prazuck, responsable du service de Maladies infectieuses au Centre hospitalier régional d’Orléans.

Clichés pulmonaires réalisés au lit d'un malade en secteur Covid

Clichés pulmonaires réalisés au lit d'un malade en secteur Covid de réanimation chirurgicale.

Loin d’être une simple grippe la covid ! Elle peut d’abord affecter la sphère ORL, causant ainsi la perte du goût (agueusie) et de l’odorat (anosmie), « des symptômes qui surviennent plutôt précocement et particulièrement chez les femmes, indique le docteur Thierry Prazuck. Dans 60 à 70 % des cas, ce sont les jeunes qui souffrent de cette pathologie qui apparaît surtout dans des cas de formes mineures de la maladie. » Cette attaque des nerfs sensoriels peut durer plusieurs mois. Le CHR d’Orléans a mené une enquête auprès des personnes atteintes par la covid au printemps dernier. Il apparaît que certaines personnes n’ont toujours pas retrouvé ni le goût, ni l’odorat six mois après leur contamination.

Quand le virus "tombe" dans les poumons, ce qui signifie que la maladie s’aggrave, elle peut provoquer une pneumonie sévère.

Un diagnostic compliqué par les diverses formes que peut prendre la maladie

La covid peut également attaquer le système vasculaire. « Des veines se bouchent. Il y a un risque élevé d’embolie pulmonaire, ce qui peut être extrêmement dangereux », signale le praticien.

Autres symptômes : des signes cutanés variables. Des lésions rouges en cocarde peuvent apparaître sur la peau, des engelures, « des choses très particulières qui sont dues à un problème de vascularisation. »

La covid peut aussi prendre une forme digestive. Le malade souffre alors de douleurs abdominales, associées ou non à de la fièvre, et de diarrhée.

Enfin, certaines complications peuvent affecter le muscle cardiaque et engendrer péricardite ou myocardite, notamment en cas de comorbidités (diabète principalement).

Selon les symptômes, la PCR (recherche du virus dans le mucus du nez) peut se révéler négative. Seul le test sérologique (dépistage des anticorps) peut permettre de détecter la maladie d’où « un diagnostic difficile de cette pathologie ».

Plusieurs mois après leur contamination, certains patients ressentent encore des symptômes handicapants : douleurs articulaires ; fatigue ; essoufflement à l’effort prouvant qu’ils n’ont pas récupéré leur capacité respiratoire initiale ; troubles psychologiques, post-traumatiques, notamment pour les cas qui auraient été admis en réanimation. « Heureusement, dans la majorité des cas, tout revient à la normale, mais c’est bien plus qu’une simple grippe, alerte le docteur Prazuck. C’est une maladie complexe, qu’il ne faut pas négliger ou prendre à la légère. »

Protégeons-nous, protégeons les autres : respectons les gestes barrières.

Le pic attendu pour la mi-novembre dans le Loiret

40 % des cas de la région Centre-Val de Loire sont concentrés dans le Loiret. Le CHR d’Orléans est donc particulièrement sollicité. Il dispose néanmoins encore d’une petite marge de manœuvre avec quelques lits encore disponibles en médecine et en réanimation. « On observait un léger ralentissement la semaine dernière et puis, le week-end dernier, trente malades ont été hospitalisés, raconte le docteur Prazuck. Alors, j’attends de voir passer ce week-end-ci. Le pic est attendu pour demain [samedi 14 novembre] dans le Loiret. Le nombre de cas positifs et de personnes hospitalisées devrait baisser par la suite. »

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