Dans le Loiret, comme partout : chaque goutte d’eau compte !

11 juillet 2023

À l’automne 2022, le Département du Loiret, précurseur en la matière, a lancé, avec le Cerema*, une étude sur l’intérêt de la réutilisation des eaux usées traitées. Elle sera aussi utile aux communes qui sauront ainsi s’il est intéressant pour elles de la développer. Une solution qui semble efficace pour préserver cette ressource indispensable et s’adapter au changement climatique… mais elle ne doit pas être la seule.

Dans le Loiret, comme partout : chaque goutte d’eau compte - sècheresse

« Il est temps de s’y mettre ! a déclaré, le 6 juillet 2023, Jean-Luc Riglet, vice-président en charge de la commission Agriculture, Environnement et Transition du Département. En effet, seulement 1 % des eaux usées sont réutilisées en France. » 

Notre pays est à la traîne par rapport à l’Espagne, nation qui manque le plus d’eau sur notre continent et donc obligé de développer cette technique. C'est pourquoi, c'est le « pays le plus en pointe en Europe » assure La Gazette des communes.  Dans le Loiret, le parc floral de La Source, par exemple, utilise déjà de l'eau traitée usée.

« Même si notre territoire dispose d’une ressource en eau souterraine et superficielle abondante, nous sommes confrontés au réchauffement climatique avec des assecs plus précoces et plus fréquents chaque année qui entraînent des sècheresses. Elles alterneront avec des pluies abondantes, voire des inondations », explique l’élu.

À cela, s’ajoutent aussi des effets attendus

  • + 1,1 à 2,2 °C pour la température de l’eau de surface par rapport à la période de référence (1976-2005) ;
  • une diminution du débit des cours d’eau de 10 à 40 % et une baisse de la recharge des nappes souterraines de 25 à 30 % à l’échelle du bassin Loire-Bretagne ; 
  • 37 % de la flore des milieux aquatiques et humides en situation préoccupante. 

Fort de ces constats, le Loiret et ses partenaires (les agences de l’eau Loire Bretagne et Seine Normandie) ont engagé un état des lieux complet avec le Cerema. Une première nationale à l'échelle d'un Département. Son objectif ? Cibler, en croisant les données connues du BRGM, de la Dreal, de l’ARS** et du Département, les secteurs où la réutilisation des eaux traitées usées serait appropriée. Ces eaux serviraient à l’irrigation, l’arrosage, le rechargement de nappes, l’alimentation des zones humides, le nettoyage de voiries, le curage de réseaux...

La réutilisation des eaux usées traitées : une fausse ou vraie bonne idée ?

Dans le Loiret, comme partout : chaque goutte d’eau compte - champs secs

Le Loiret compte 214 stations de traitement des eaux usées (STEU) collectives sur son territoire, dont près de 3/4 bénéficient de l’assistance technique départementale. Là seraient traitées les eaux usées destinées à être réutilisées. Le traitement serait plus ou moins pointu en fonction de leur emploi.

Dans certaines zones, plutôt dans la moitié nord du territoire, et aux périodes hors été, il est intéressant de rejeter les eaux usées traitées dans le milieu naturel, la nappe phréatique se recharge, les cours d’eau et les zones humides sont préservées, le réchauffement de l’eau et la concentration de la pollution limités, ainsi la qualité de la vie aquatique s’améliorera. 

Les eaux usées traitées serviront elles à l’agriculture et l’industrie ? Les prélèvements en eau sont plus importants que les rejets d’eaux usées traitées et leur traitement devrait être assez poussé pour que la qualité attendue soit au rendez-vous. Cela signifie que la réutilisation des eaux usées ne suffira pas à couvrir seule les besoins en eau. Et, utiliser les eaux usées traitées pour l’irrigation est intéressante si elles proviennent de stockages réalisés en période de hautes eaux. 

L’étude montre qu’il existe des zones où l’utilisation des eaux usées traitées serait intéressante et d’autres non et tout dépend la saison et pour quel usage. 

Traiter les eaux usées revient plus cher qu’utiliser de l’eau potable, issue de la nappe phréatique et qui nécessite un léger traitement. Une des solutions serait de limiter notre consommation… Cela signifie que l’agriculture devrait adapter ses cultures, les industriels, faire appel à des techniques afin de consommer moins, les particuliers, adapter notre logement et économiser l’eau, il existe des possibilités, dont certaines sont décrites ici... Une autre solution consisterait à stocker l’eau usée traitée et la réutiliser le moment venu, c’est-à-dire lors de périodes de sècheresse. Pour l’instant, le Département ignore où elle pourrait être stockée et le Gouvernement doit établir des règles qui , pour l’instant, ne sont pas répertoriées. 

Le Loiret accompagnera les collectivités

Dans le Loiret, comme partout : chaque goutte d’eau compte - conférence de presse

En s’appuyant sur l’étude Cerema, le Département accompagnera les collectivités du Loiret qui s’engagent dans un projet de REUT. Il le fera par l’intermédiaire de son service d’ingénierie gratuite, Cap Loiret où les ingénieurs sont formés sur le sujet (faisabilité à l’échelle de l’intercommunalité, assistance à la maîtrise d’ouvrage, mobilisation des moyens financiers existants…). 

Les collectivités pourront s’appuyer sur cette étude Cerema qui répond aux questions suivantes :
1. quelles zones cibler en priorité ?
2. pour quel besoin en eau ? Quels intérêts et limites ? Quelles options de volume/saisonnalité de REUT pour un impact positif sur la disponibilité en eau superficielle ou souterraine ?
3. sur quelle station de traitement des eaux usées la REUT est-elle envisageable ? Quelle qualité d’eaux usées requise ?

Le Conseil départemental envisage aussi de soutenir les collectivités une aide financière spécifique pour les projets liés à l’usage de l’eau à partir de 2024.

Préserver la qualité et la quantité de ce patrimoine est essentiel pour garantir les capacités de développement futur et l’attractivité du Loiret. 

En chiffres

  • Dans le monde, seuls 11 % de l’eau est actuellement recyclée : 89 % en Israël, 40 % à Singapour, 15 % en Espagne.
  • 100 % des communes du Loiret sont en zone de répartition des eaux : cela signifie qu’il existe une insuffisance chronique (autre qu’exceptionnelle) des ressources par rapport aux besoins.


Dans le Loiret, le volume des prélèvements s’élève à :

  • en agriculture : 131 700 000 m3/an
  • pour l’industrie (hors énergie) : 12 250 000 m3/an
  • pour l’eau potable : 41 000 000 m3/an
  • pour les loisirs : 750 000 m3/an, dont golfs : 396 000 m3/an
     

*Le Cerema apporte, aux acteurs territoriaux, un appui en termes d'ingénierie et d'expertise technique dans divers domaines afin de favoriser la transition vers une économie sobre en ressources et décarbonée, respectueuse de l'environnement et équitable.
**Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), Agence régionale de santé (ARS).
 

Édith Combe

Nous serons confrontés dans le futur à des alternances de cycles de sècheresse et de pluies abondantes voire d'inondation.
Jean-Luc Riglet
vice-président en charge de la commission Agriculture, Environnement et Transition du Département
Dans le Loiret, comme partout : chaque goutte d’eau compte - inondation

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