Début du Grenelle contre les violences conjugales

03 septembre 2019

Aujourd’hui, le Gouvernement lance le Grenelle des violences conjugales. Jusqu’au 25 novembre, il recevra quatre-vingts responsables d’associations, acteurs de terrains, magistrats, policiers afin, notamment, de répondre à la question : peut-on imaginer une infraction de féminicide en France ? Ateliers sur la prévention des violences, création d’un fonds spécial sont au programme et ouverture de places d’hébergement attendus par les associations.

Grenelle violence conjugales - main d'une femme qui se protège et/ou dit stop - photo en noir et blanc

Plus de cent aujourd’hui. Cent une femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2019. Cela s’appelle un féminicide.

Il arrive aussi que des femmes tuent leur conjoint ou leur ex-conjoint. Un homme meurt tous les dix-sept jours sous les coups de sa conjointe ou ex-conjointe et une femme tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Ce fléau touche toutes les catégories sociales et tous les âges (hier, une femme de quatre-vingt-douze ans a été frappée à mort par son mari).

À ce jour, féminicide n'est pas reconnu par l'Académie française comme faisant partie des mots de la langue française, ni par le droit français. Cependant, il apparaît dans le dictionnaire Le Robert en 2015 et est de plus en plus utilisé par les médias. Le meurtre d'une femme est un féminicide lorsqu’il constitue le point d’aboutissement d’un continuum de violences et de terreurs incluant un éventail d’abus verbaux et physiques (viol, esclavage sexuel, inceste, mutilations génitales…) s’exerçant spécifiquement contre elle en raison de son genre.

« Nommer c’est dévoiler. Et dévoiler, c’est déjà agir. »

Simone de Beauvoir

Et sur le plan départemental ?

Un soutien personnalisé est réservé aux victimes de violences conjugales dans les commissariats et gendarmeries du territoire réalisé par une équipe de ISCG, intervenants sociaux, qui constitue souvent une première réponse et les oriente vers les bons interlocuteurs.

Une demi-journée de sensibilisation/formation dispensée par un agent d’État aux travailleurs sociaux et agents administratifs a eu lieu en juin à la Maison du Département de Jargeau. Son thème : les violences faites aux femmes. « Cela a permis de revoir l’ensemble des dispositifs existants et de proposer une cartographie de tout ce qui se fait », nous apprend Christèle Riglet, directrice de la MDD de l’ouest orléanais. Cette action devrait se généraliser à toutes les Maisons du Département loirétaines.
« Lorsqu’une victime nous explique sa situation, les violences qu’elle subit appartiennent aux critères d’urgence. Nous l’accompagnons pour porter plainte, nous la renseignons sur les accueils d’urgence, les associations qui l’aideront (LAE, CIDFF, Maison de la Justice et du Droit), nous leur expliquons la protection des enfants car en étant témoins, ils sont aussi victimes, nous veillons à ce qu’elle soit mise à l’abri », renchérit Alice Lacroix, directrice de la MDD ouest orléanais. « Nous recevons les victimes lors de permanences dans les MDD du Loiret et les travailleurs sociaux suivent des personnes déjà connues. Car quitter son conjoint ou sa conjointe ne se fait pas toujours en une fois. Cela peut prendre plusieurs années : une victime peut revenir chez son compagnon, compagne, une semaine après l’avoir quitté.e. », complète Christèle Riglet. « Et peu importe ce qui se passe, nous ne jugeons pas ! », conclut Alice Lacroix.

Édith Combe

À savoir

3919 est le numéro d’écoute dédié aux victimes de violences depuis 1992. L’appel est gratuit, anonyme et fonctionne 7 j/7 (de 9 h à 22 h du lundi au vendredi et de 9 h à 18 h les samedis, dimanches et jours fériés). En cas d’urgence, il faut appeler la police au 17 ou la gendarmerie au 112. Au commissariat d’Orléans, les victimes de violences conjugales sont accueilli.e.s par des fonctionnaires formés à cette problématique.

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