Des betteraves loirétaines dans votre gel hydroalcoolique

17 mars 2022

La sucrerie d’Artenay fabrique son propre gel hydroalcoolique et le vend à des entreprises et collectivités. Une betterave que l’on dérive aussi vers l’essence et le diesel.

Des betteraves loirétaines dans votre gel hydroalcoolique - Tereos

De la betterave pour combattre le covid ? Vraiment ? Oui, à la sucrerie du groupe coopératif Tereos d’Artenay, on transforme le légume-racine en gel hydroalcoolique. « En pleine pénurie au printemps 2020, nous avons produit ici plus de 60 000 litres de solution, plus fluide pour le nettoyage de surfaces, pour les Agences régionales de santé, retrace Sylvain Gazal, le directeur de l’établissement. Nous courrions alors après les produits de désinfection face aux ruptures de continuité. Là, l’idée de création d’un atelier de fabrication pour une gamme de gel hydroalcoolique nous a semblé couler de source. » Sa seule sobriété, son nom, le Gel Hydro, Tereos cultive l’espoir de l’inscrire dans l’ivresse de la pérennité. Si le directeur de la sucrerie artenaysienne plébiscite plutôt le secret quant à son écoulement, il concède cependant encore tirer des enseignements du marché, cédant l’urgence à la stabilisation. Il regarde désormais  le gel hydroalcoolique comme un achat de commodité moins sujet à l’anarchie du stockage. « Nous le vendons en direct, uniquement à des entreprises et collectivités. Les Loirétains peuvent donc très bien s’en désinfecter les mains au bureau. Mais aussi, entre autres, dans des gares ou aéroports au-delà. »

Des betteraves loirétaines dans votre gel hydroalcoolique - Artenay

Comment, diable, la betterave finit-elle en gel hydroalcoolique ? Faites déjà abstraction de son pourpre, seule la variété blanche, la sucrière, se cultive uniquement pour la production de sucre. La sucrerie Tereos d’Artenay commence par en récolter d’octobre à l’amorce de l’année suivante, en provenance de ses 700 coopérateurs dans un rayon de 40 kilomètres. Grossièrement, son 1,2 million de tonnes passe dans l’eau chaude pour que, de cette potion magique, résulte un jus sucré. Si on désire du sucre, reste à le filtrer, en faire évaporer l’eau, à le cristalliser et à l’essorer comme dans une machine à laver. Seconde option pour un tiers du jus sucré : la distillerie. Là, il fermente jusqu’à transformer son sucre en alcool avant séparation. Cet alcool agricole/éthylique mais aussi éthanol sert finalement de composant, à 70%, du gel hydroalcoolique avec la visqueuse et hydratante glycérine ou des texturants en assaisonnement. Outre la chasse aux virus, l’alcool de la sucrerie d’Artenay, la seule des trois Loirétaines à en produire, s’éloigne pour l’horizon des spiritueux, des détaillants et de la chimie.

La betterave devient aussi le bioéthanol que l'on mélange à l'essence ou le diesel

Sylvain Demoures
Directeur général du syndicat national des producteurs d’alcool agricole

« En moyenne, une tonne de betterave fournit de 90 à 100 litres d’alcool, précise Sylvain Demoures, directeur général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA). En France, nous en avons produit 1,5 milliard en 2021, 1,7 en 2020, découlants de la betterave mais aussi des céréales. 60 %, après concentration et hydratation, devient le bioéthanol que l’on mélange à l’essence (SP95, SP98, SP95-E10, E85) et parfois au diesel. Historiquement, le reste de l’alcool entre dans la composition des parfums/cosmétiques, boissons, ou part vers les pharmacies/laboratoires et l’industrie chimique. » Quant au marché du gel hydroalcoolique, lui, ne représentait qu’une part de moins de 1 % avant la pandémie. De 7 % au printemps 2020. De 3 % en vitesse de croisière en 2021.

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