Deux Loirétaines racontent leur exode sur RMC découverte

23 avril 2020

Mardi 28 avril, soyez devant votre télévision à 21 h et regardez, sur RMC découverte*, deux Loirétaines interviewées dans le cadre d’un documentaire consacré à l’exode de 1940.

Une Loirétaine raconte son exode sur RMC découverte - photo musée :petite fille et sa mère

« Pour ce documentaire, j’ai rencontré six Français ayant vécu l’exode de 1940, explique Adeline Grunberg, journaliste, réalisatrice pour la télévision. Le musée départemental de la Résistance et de la déportation de Lorris m’a communiqué les coordonnées de Colette Lanthiez. Elle avait cinq ans et raconte cet épisode qui a jeté sa famille sur les routes. Sa mère, sa sœur, son frère, le bébé de six mois sont partis de Malesherbes pour se retrouver à Buxières D’aillac dans l’Indre. J’ai aussi rencontré une autre Loirétaine, Yvonne, qui vivait à l’époque à Orléans, grâce au livre qu'elle a écrit sur cet épisode marquant de sa vie.

Cette année, on devait célébrer les quatre-vingts ans de cette période méconnue de l’histoire, avec des expositions, des évènements… Il est important de se souvenir de ce chapitre. D’autant plus, qu’un an après l’exode, Pétain a accusé les exilés d’avoir fait perdre la guerre à cause de leur fuite.

J’ai rencontré de belles personnes pour ce sujet. Les exilés ont eu un courage incroyable qui a forgé leur caractère. Je voulais montrer comment ils ont vécu, dormi, se sont nourris, ont été arnaqués ou aidés. Beaucoup d’images d’archives et de reconstitutions illustrent l’histoire de ces déracinés. »

Témoignage de Colette Lanthiez, cinq ans pendant l’exode

Une Loirétaine raconte son exode sur RMC découverte - Colette Lanthiez au musée

Colette Lanthiez avec l'équipe du tournage

« J’avais cinq ans en 1940. Mon frère en avait dix, ma sœur aînée treize et ma deuxième sœur était née en janvier 1940.

Mon premier souvenir et ma première frayeur : je jouais et lorsque j’ai relevé la tête, j’ai vu un monstre horrible. C’était mon père qui essayait son masque à gaz.

Nous devions nous rendre à Solterre chez les parents de ma mère tandis que mon père resterait ici. Il travaillait pour les chemins de fer. »

Le départ

« Nous avons pris le train de Malesherbes à Montargis. Cela nous a pris toute la journée pour faire les quarante kilomètres. Nous nous sommes réfugiés chez une tante. La nuit, ma mère est allée, en vélo, jusqu’à Solterre. Ses parents avaient fui. Sans nouvelle, ils étaient persuadés que leur fille ne viendrait pas.

Alors, au matin, nous sommes repartis. Mon frère et ma sœur portaient chacun une valise, ma mère, le landeau. Nous avons beaucoup marché.

Arrivés à Ouzouer-sur-Loire, la foule était de plus en plus dense : tout le monde fuyait. Là, on a couché à la belle étoile. Les soldats nous ont donnés du pain. On s’est retrouvés sous le feu des Stukas allemands qui piquaient. Une voiture à cheval nous a servi d’abri. Ma mère a cru que nous allions mourir à ce moment-là. C’était une folie épouvantable.

Plus tard, nous sommes montés dans un autobus. Nous avons été les derniers à traverser le pont de Gien. Il y avait beaucoup de monde et je me souviens des cheveux morts au ventre gonflé. Nous n’avions rien à manger et ma mère allaitait. À un moment, elle a perdu la raison et a crié « On va en enfer ! » Alors, nous sommes descendus du car. Des paysans nous ont hébergés et nourris. Ma mère a finalement retrouvé la raison.

Puis, nous sommes repartis. J’avais ma poupée dans les bras. Un camion nous a pris en charge tous les cinq et le landeau. Les avions italiens nous visaient.

Arrivés à Châteauroux, nous avons dormi dans une école, proche de la gare. Il y a encore eu des bombardements. Puis, des secours nous ont donnés à manger. Un bus nous a menés en zone libre, à Buxières D’aillac, dans l’Indre, où la châtelaine nous a recueillis. »

Les retrouvailles

« Mon père était en zone occupée. Nous sommes restés deux mois sans nouvelle. Ma mère lui a écrit. Il a réussi à venir nous chercher. Nous sommes rentrés en train grâce à des cheminots, solidaires les uns des autres, jusqu’à Malesherbes. Notre maison avait été visitée, occupée, saccagée.

Ma mère a gardé toute sa vie le landeau, la robe que je portais, la cape de mon frère. J’ai tout conservé, avant de les donner au musée départemental de la Résistance et de la déportation de Lorris.

Cette période était une véritable folie collective. Je me souviens parfaitement avoir eu faim, froid, soif et très peur. »

Le témoignage poignant de Colette Lanthiez nous incitera à la regarder mardi 28 avril sur RMC découverte.

Édith Combe

Qu'est-ce que l'exode ?

L’exode de 1940 en France est une fuite massive de la population en mai-juin, qui vida la plupart des villes du Nord, puis de l’Île de France et du Centre, lorsque l'armée allemande a envahi la majorité du territoire. Son ampleur est, en grande partie, dû au souvenir douloureux de l’occupation de ces régions envahies par l’Allemagne de 1914 à 1918.

Les exilés ont cherché à rallier le Sud de la France emportant avec eux de maigres bagages dans un chaos hétéroclite de piétons, vélos et de véhicules.

Certains périrent sur les routes attaqués par des Junkers Ju 87 ou Stukas de la Luftwaffe. Leur sirène en piqué a marqué à jamais les esprits des réfugiés.

Le nombre de victimes est évalué à 100 000 tués, sans compter les blessés.

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