Environnement : vélo et biodéchets en tandem pour les Cycloposteurs

31 mars 2021

Des Orléanais espèrent collecter à vélo les biodéchets des festivals, restaurateurs et de certains collèges. Le but : en faire du compost pour éviter leur incinération.

Environnement : vélo et biodéchets en tandem pour Cycloposteur - Cédric Blum

Il perd son emploi, mais pas les pédales. Fin 2019 approche, Cédric Blum se retrouve licencié économique d’une société de livraison de vélos. Pas de quoi lui retirer son équilibre. S’il vacille, il se remet habillement en selle direction ColiPoste pour devenir chauffeur-livreur. Mais surtout, l’aficionado de la pédale y croise un ancien ami et, ensemble, ils sèment une idée dans leurs esprits... Une idée avec le vélo et l’environnement pour racines. « Avec Julien Lebrize, nous avions déjà un tropisme sur le sujet et nous voulions nous enrichir humainement en participant au cycle de la terre », précise Cédric Blum. Cette petite graine pousse alors, arrosée par des découvertes d’associations locales françaises récoltant des déchets organiques à vélos. Ainsi, nait le projet Cycloposteurs tout début 2020, une déclinaison orléanaise, mais pas seulement...

« Pour monter un projet solide, nous candidatons en février 2020 à Alter’Incub, un incubateur de projets autour de l’économie sociale et solidaire de l’Urscop, l’Union régionale des sociétés coopératives, développe Cédric. On y passe quatre mois, rejoint entre temps par la troisième co-fondatrice, Anne Bignolas, pour perfectionner le business plan ». Alternant les formations sur la gestion, le démarchage de partenaires et de clients, les trois collègues matérialisent le projet Cycloposteurs en créant l’association éponyme. Le but : transformer en compost, après neuf mois de maturation à 70 degrés, les biodéchets récoltés à vélo. « Aujourd’hui, ils représentent 26 000 tonnes par an au sein de la métropole d’Orléans. C’est 90 % d’eau que l’on enfouit ou qui passe dans un incinérateur, donc de la consommation d’énergie et des émissions de CO2, se désole l’entrepreneur. Pourtant, nous pouvons en renourrir les sols après transformation. » De plus, bon point pour la prospérité de Cycloposteurs, le tri et la valorisation de ces biodéchets deviendront obligatoires pour les collectivités dès 2023. Sinon, depuis 2016, la loi y oblige déjà les professionnels en produisant plus de 10 tonnes à l’année.

Dans la Métropole d'Orléans, 10 000 tonnes de biodéchets proviennent du gaspillage alimentaire chaque année

Cédric Blum
Co-porteur de Cycloposteur

L’évènementiel, les restaurateurs et la livraison

Environnement : vélo et biodéchets en tandem pour Cycloposteur - pancarte

L’association met donc le pied à la pédale dès septembre 2020. Avec le festival Hop Pop Hop, les trois mousquetaires voient l’occasion idéale de se tester. Ils récupèrent ainsi sans accro 70 kg de biodéchets via la cantine de 80 personnes et les traiteurs. Un avant-goût réussi pour Cycloposteurs en vue de réitérer l’action à l’avenir sur d’autres festivals. Puis, outre la clientèle autour de l’évènementiel, l’association en vise davantage. Et, tout particulièrement les restaurateurs. « Depuis novembre 2020, nous travaillons avec une dizaine d’entre eux et la faculté de Lettres d’Orléans en interroge d’autres pour connaître leurs habitudes en termes de gestion de déchets, précise toujours Cédric. Nous leur proposons donc un abonnement pour la récolte des biodéchets pour remplacer celui de leur poubelle dédiée ». Ces abonnements rempliront presque intégralement les caisses de l’association, le reste provenant d’une activité de livraison de produits alimentaires à vélos et, pour une infime partie, de la vente peu lucrative de composts aux maraichers.

Environnement : vélo et biodéchets en tandem pour Cycloposteurs - financement

Aujourd’hui, les trois porteurs de projets, aidés par autant de membres fondateurs, recherchent le sou pour financer leur outil. Tel le forgeron avec son marteau, le métier de cycloposteur, lui, requiert une bicyclette. Mais, pas le premier BMX venu, un beau vélo-cargo tout neuf avec une capacité de 150 kg et pouvant en accepter 250 de plus grâce à une remorque à l’arrière. Le tout, pour 7 500 euros via un financement participatif dont une bonne moitié déjà assurée. Reste plus que 3 000 euros à collecter d’ici une cinquantaine de jours et, pour chaque euro récolté, la Région double la mise. « Quant à la Métropole, elle nous mettra à disposition une parcelle de 400 mètres carrés en mai prochain, via une convention d’occupation, pour accueillir nos bureaux et 30 tonnes de biodéchets par an. Nous venons tout juste de proposer au Département de prendre en charge le transport de biodéchets pour les collèges urbains », conclut Cédric. Affaire à suivre…

Sébastien Meurs

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