Frelons asiatiques : alerte dans le Loiret

09 février 2021

L’association L’abeille olivetaine s’inquiète de la survie des abeilles. En cause ? Les frelons asiatiques, insectes à piéger impérativement.

Frelons asiatiques : alerte dans le Loiret - nid frelons asiatiques

Combinaison cosmonaute sur les épaules, il ouvre la ruche. Et là… rien. Pas la moindre abeille, pas le moindre dard hérissé. Alain s’autorise même à retirer le voile de son chapeau blanc, l’air abattu. Elles, les butineuses adorées de cet apiculteur amateur, en ont plus que l’air. « Ça, c’est encore l’œuvre des frelons asiatiques, maudit son homologue Raphaël Willaert. Ils volent en stationnaire devant la ruche, attrapent une abeille et la démembrent pour emmener les parties comestibles dans leur nid.» La scène du crime laisse en effet des indices. Des rayons de cire de la ruche coulent toujours un peu de miel et de pollen. Preuve que, si les abeilles manquent à l’appel, leur nourriture, elle, est toujours là.

Frelons asiatiques : alerte dans le Loiret - ruche vide

 

 

Les retraités Alain Delhomelle et Raphaël Willaert appartiennent tous deux à l’association L’abeille olivetaine. Le premier en est le secrétaire, le second la dirige. Différentes fonctions pour un seul et même combat. Celui pour la préservation des abeilles et contre leur pire ennemi : le frelon asiatique. Facile à reconnaître, l’insecte arbore une face orangée, un abdomen noir et des pattes jaunes pour une vingtaine de millimètres de long. À 15 000, ils créent un nouveau nid, « en papier mâché », d’un mètre de diamètre environ à chaque période estivale. « Ils sont arrivés par le port de Bordeaux en 2004, probablement dans un conteneur de poteries en provenance de Chine, retrace Raphaël Willaert. Il a ensuite proliféré, parcouru 100 km par an et est arrivé dans le Loiret en 2011. En 2020, j’ai dénombré plus de 150 nids rien qu’à Olivet. »

Des pièges à la portée de tous

Aujourd’hui, en cette journée grise de février, les deux apiculteurs amateurs se retrouvent à l’un de leurs ruchers. Sur une quarantaine d’abris, les abeilles en colonisent à peine une dizaine. On compterait presque plus de pièges à frelons. Ces cimetières de bouteille en plastique, pourris aisément de quarante cadavres, pendent aux arbres ou à des piquets en bois. Les deux défenseurs des abeilles les veulent « au plus simple ». « Il suffit d’enfoncer le goulot d’une bouteille dans le flan d’une autre, expliquent-ils d’une même voix. Au fond, comme appât, nous mettons juste un mélange de vin blanc, bière et de sirop type cassis, grenadine… » Leur but ? Qu’un grand nombre de citoyens, tout simplement amoureux de la biodiversité, imite leur exemple.

Comme appât, nous mettons juste un mélange de vin blanc, bière et de sirop type cassis, grenadine…

Raphaël Willaert et Alain Delhomelle
L'abeille olivetaine

 

 

 

Mais, le mal s’arrache également par la racine. Les membres de L’abeille olivetaine, à la vue d’un nid de frelons, dénichent l’identification du propriétaire du terrain où la colonie prolifère. S’il s’agit d’une collectivité locale, à elle de le détruire. Pour un espace privé, ils alertent la mairie concernée afin qu’elle en informe le particulier. Lui, ensuite, pourra contacter un désinsectiseur pour une intervention facturée entre 100 et 200 euros suivant l’accessibilité du nid. « Une somme qui en vaut la peine, estime Alain Delhomelle. Dans la Manche, une personne est morte attaquée par des frelons asiatiques en ouvrant la porte de son abri de jardin. » Malgré tout, rien n’oblige juridiquement l’éradication de ces fameux nids. Les apiculteurs amateurs comptent alors sur la vigilance des collectivités et des particuliers pour que survivent les abeilles. Reste toujours la plateforme en ligne Bees for life pour signaler toute colonie ou joindre des désinsectiseurs certifiés.

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