Gélis expose à la galerie l’Art ancien d'Orléans

01 mars 2019

Du 2 au 23 mars, se tiendra l’exposition de Daniel Gélis à la galerie l’Art ancien d’Orléans. La Sologne y sera à l’honneur. Le peintre nous a reçus dans son atelier entouré des toiles qui seront bientôt accrochées.

Exposition Daniel Gélis à la galerie l'art ancien - 1

Le contact est facile car l’homme est intéressant et vif. Il nous conduit dans son atelier, bien ordonné, où l’on découvre, avant ses œuvres, une collection de montgolfières accrochée au plafond. Il a eu le coup de foudre pour elles lors du premier meeting français, organisé à l’Île Charlemagne, pour lequel il a réalisé l’illustration de l’affiche.

Édith Combe

Faisons connaissance

En feuilletant un livre qui lui est consacré, nous remarquons qu’il dessine toujours le même personnage. « Oui, c’est celui que j’ai dans la tête ! Je crois que tous les peintres ont un type de personnage dans la tête. Regardez Modigliani ou Renoir : ils utilisent les attitudes d’un modèle, mais c’est toujours leur personnage qu’ils représentent. Tous les artistes font ça ! »

Vous avez exposé au Grand palais

« J’ai exposé la première fois au Grand Palais à vingt-cinq ans. Ce lieu a été édifié fin 19e, début 20e, pour les artistes. Il y avait des salons toute l’année. Nous exposions cinq ou six toiles pour une somme dérisoire. J’ai aussi fait partie du comité et du jury de peinture. C’était ma maison mère. Cette année, j’y ai accroché une toile par fidélité, car c’est là que j’ai rencontré tous les collectionneurs étrangers qui m’ont permis d’exposer au Canada, Japon, États-Unis… »

Quelle est votre formation ?

« J’ai commencé à peindre à douze ans. J’ai étudié aux Beaux-arts, comme presque tout le monde ! Mais, je n’ai rien appris. Toutes les semaines, j’étudiais, au Louvre, les toiles du 19e. Alors, j’ai compris pourquoi passer un glacis* et l’importance des dessous. Là, il y a trois ou quatre couleurs différentes. (Gélis montre une de ses toiles, NDLR). Il y a de l’opacité et de la transparente. Quand je travaillais sur la Méditerranée, je peignais jusqu’à huit bleus différents, du turquoise au cobalt. La recherche de la lumière par la transparence m’a toujours passionné. Les œuvres de Rembrandt, malgré la matière épaisse comme ça, restent transparentes et légères.
De plus, je fabrique moi-même mes vernis et mes médiums. À une époque, durant deux ans, je n’ai fait que de la chimie. Je trouvais chez les bouquinistes parisiens des recettes dans des grimoires du 19e siècle. Tout était marqué au gramme près. 
»

*consiste à recouvrir une teinte déjà existante avec une touche de couleur transparente. Cela donne une superposition entre deux couleurs dont l’une est transparente.

Et la Méditerranée ?

« En découvrant la Méditerranée, j’ai ressenti un choc qui a occulté tout le reste ! Il y a là-bas une lumière à couper au couteau ! Cet engouement a duré plus de vingt ans ! »

La recherche de la lumière par la transparence m'a toujours passionné !

Exposition Gélis à la galerie l'art ancien - Orléans - 3

Parlez-nous du purgatoire

« Il y a un plaisir de patauger dans la peinture. Quand je dis patauger, c’est vraiment le mot ! Parfois, je sais ce sur quoi je veux travailler et parfois j’ai beaucoup de mal à démarrer. Je commence à partir d’une épure ou à partir de tâches. Il n’y a pas de règle. Vous savez, j’ai un purgatoire ! J’y entrepose des toiles dont certaines parties ne me déplaisent pas. Mais l’ensemble ne me satisfaisant pas, je n’arrive pas à les finir. Et quand je suis un peu sec ici, je vais les chercher, parce qu’il m’arrive de retrouver des matières intéressantes qui m’inspirent. »

Comment travaillez-vous ?

« Pour peindre, je navigue entre le plat, par terre, pour éviter les coulures, et le chevalet. Quand ma toile est sèche, je la pose sur le chevalet. Le soir, je positionne mes tableaux les uns à côté des autres et je cherche la cohérence, une autre obsession ! Les très grands artistes ont tous été extrêmement cohérents, même en expérimentant des périodes différentes.
Le soir, donc, installé sur mon canapé, je regarde ce que j’ai fait. Et je me dis : "Oh là ce n’est pas bon du tout ! Je vais avoir du travail demain matin !" Et quand j’appose la signature, je sais que j’ai fini. Et même là, je retravaille de petits éclats, du bleu, le rapport entre ça et ça… Mais il faut savoir s’arrêter. Le mieux est l’esprit du bien, dit-on !
 »

L'exposition Sologne à la galerie l'Art ancien jusqu'au 23 mars

« Pour l’exposition Sologne, j’ai étudié le rapport entre les arbres et l’eau. Cette fois, il n’y aucun personnage. Cela vient du fait que je m’y promène toujours en solitaire. Mais j’ai peint des villages. Dans les bois, je suis à la fois dans les livres de Genevoix et Fournier et dans le paysage. Je m’attends toujours à découvrir des châteaux dans le lierre, ça c’est Fournier !
Aujourd’hui, les toiles sont terminées. Étant perfectionniste, tant que je les ai sous les yeux, je vois toujours un accent, un petit quelque chose à retravailler : un éclat d’oranger ; de bleu… J’ai toujours été comme ça.
 »

Et demain ?

« En ce moment, j’ai envie de prendre mon chevalet et de le planter dans un endroit. Je ne l’ai pas fait depuis quarante ans. J’aspire à retrouver les sensations de l’enfance, tous les enthousiasmes… au fil des années, on les oublie. Je suis bavard… mais tant de choses me tiennent à cœur ! », nous confie l’artiste avant de le quitter.

Galerie l'Art ancien

Daniel Gélis y expose du 2 au 23 mars 2019.
Galerie ouverte du mardi au samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 19 h. Entrée libre.
32, rue Jeanne d'Arc 45000 Orléans - 02 38 62 09 75

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