Harcèlement scolaire : de la réalité à la fiction

09 juin 2021

Quentin Requillard, aujourd’hui en terminale dans un lycée orléanais, réalise un court-métrage basé sur des faits réels : les siens. Ceux liés à du harcèlement scolaire au collège.

Harcèlement scolaire : de la réalité à la fiction - blessures

Sa prison s’appelle Victor Hugo. Pas l’auteur du Dernier jour d’un condamné mais plutôt le collège éponyme de Puiseaux dans le Loiret. À onze ans déjà, elle ne voit son destin qu’à travers des barreaux. Demain ressemblera à aujourd’hui, et aujourd’hui à hier. Une fois de plus, elle peine à poser son sac sur ses épaules avant de descendre dans la cour. Il pèse des tonnes. Plus que des simples cahiers, il renferme un boulet de peur. La petite sixième le sait, ses voisins de cellule se délectent de viande fraîche. Ils la rackettent, comme toujours, font apparaître du bleu sur son visage. Où qu’elle aille, ils la suivront, jamais ils ne cesseront.

« C’en est trop ! Cette fois-ci, elle explose et décide de se venger. Ce jour-là devient Le jour où j’ai pris ma liberté, tease Quentin Requillard, 19 ans, en révélant le nom de son film. Problème : elle va un peu trop loin et se retrouve en conseil de discipline », laisse-t-il en suspens. En terminale au lycée Pothier d’Orléans, en filière cinéma, il prépare ce court-métrage depuis octobre. « À l’annonce du devoir, je savais immédiatement qu’il porterait autour du harcèlement scolaire. Je veux faire passer un message, que l’on prenne conscience de sa dureté ». Lui, il l’a. Sa fiction d’aujourd’hui reflète sa réalité d’hier. « Maintenant, je perçois différemment le harcèlement, il m’a fait grandir ».

Je veux faire passer un message

Quentin Requillard
Harcèlement scolaire : de la réalité à la fiction - tournage

 

 

Après l’adaptation de sa propre histoire, avec l’aide de professeurs emballés par l’ampleur du projet, le tournage se déroule les 1er et 2 mai. Pas moins de 200 personnes animent les couloirs du collège de Puiseaux, théâtre des événements. Le comédien et metteur en scène Christophe Thébault, fondateur du Krizo Théâtre d’Orléans et lauréat de moult prix, prête ses traits au principal fictif du collège. Maëlys Vasseur, danseuse dans un clip de Zazie et aux Victoires de la musique 2021, joue Quentin au féminin avec quelques années de moins. Une trentaine de comédiens figure au générique, auxquels viennent s’ajouter figurants et techniciens de la société de production loirétaine Oak, aussi chargée du montage. Le tout financé par 6 000 euros dénichés par Quentin Requillard auprès de sponsors.

Harcèlement scolaire : de la réalité à la fiction - Quentin Requillard

 

Précédé d’une exposition photo et d’une séance de dédicaces, Le jour où j’ai pris ma liberté se dévoilera pour la première fois sur grand écran le 12 juin au gymnase de Puiseaux. « On affichait complet, à 180 places, en moins de 48 heures, se réjouit le jeune réalisateur. Pour les retardataires, nous rediffuserons le court-métrage le 13 juin à 14, 15, 16 et 17 heures ». S’en suivra une tournée dans des cinémas du département puis dans les collèges et lycées dès septembre. « Aujourd’hui, on me reconnaît dans les rues de la ville. Mais, on ne m’y verra bientôt moins. Grâce à mon film, le lycée francilien Jacques-Prévert a accepté ma candidature à leur BTS Audiovisuel, spécialité production ». Une belle prouesse déjà, l’établissement reçoit chaque année plus de 8 000 demandes pour 60 places.

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