La vie dans un foyer de protection de l’enfance

13 avril 2020

Les enfants confiés au Département dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance (Ase) ont vu leur quotidien bouleversé par le confinement. Les professionnels présents à leur côté redoublent d’attention pour les accompagner dans cette période exceptionnelle. Qu’est-ce que cette période change pour eux ? En ont-ils conscience ?

La vie dans un foyer de l'enfance - jeunes jouant à passer sous une corde

« Je m’occupe des 0-8 ans. Huit enfants sont restés à la Maison de l’enfance. Les autres sont en village d’enfants, un a été confié à sa grand-mère, d’autres ont bénéficié d’une main-levée et sont rentrés chez leur parents…», explique Estelle auxiliaire-puéricultrice au pôle Petite enfance. Chaque structure réserve un temps pour étudier : « Tous les matins, nous consacrons quelques heures aux devoirs et leçons », assure Romain, animateur. Audrey, éducatrice au pôle adolescent de la Maison de l’enfance, complète : « Nous devenons professeurs. Et parfois ce n’est pas facile suivant les compétences de chaque encadrant ! Certains jeunes s’inquiètent car ils passent leur brevet ou bac ! Et l’école manque à d’autres. »

Activités ludiques renforcées !

« Heureusement, nous allons dans le jardin et organisons des travaux manuels, de petites choses mais qui font plaisir aux enfants et à nous ! se réjouit Estelle. De plus, des étudiants en psychomotricité renforcent l’équipe. Ils proposent des activités individuelles et stimulantes. Par exemple, une fillette d’un an, qui ne sait ni s’assoir ni se retourner, bénéficie de soins. » 

Les plus grands passent beaucoup de temps dans le parc de la Maison de l’enfance ou au Donjon à Olivet où Rachid, animateur, les emmènent muni d’une dérogation validée par la préfecture. « On essaie de faire un maximum d’athlétisme ou des jeux extérieurs. » Les jeunes aiment aussi préparer des gâteaux pour le goûter ou des repas et « on a fait un barbecue hier ! ». Ces moments sont des respirations. 

Au village d’enfants d’Amilly, onze ordinateurs ont été achetés représentant une fenêtre ouverte et un lien avec l’extérieur. Là-bas, un gîte a été loué permettant aux enfants, par roulement, de s’aérer et de profiter de la campagne durant trois jours. Dans le même esprit, quelques jeunes de la Maison de l’enfance sont à l’abri au domaine du Ciran, répartis en trois groupes qui ne se croisent pas. Ils se baladent en forêt, construisent des cabanes, nourrissent les animaux…

À l’occasion de Pâques, le Département du Loiret a fait livrer à chaque foyer des chocolats. De quoi amuser petits et grands lors d’une chasse au trésor !

La vie dans un foyer de l'enfance - enfants ramassant des œufs de Pâques

Un autre lien avec la famille 

Une constante à la Maison de l’enfance, dans les villages d’enfants et les gîtes où les jeunes s’aèrent : toutes les visites de leurs parents ont été suspendues, confinement oblige. ils se téléphonent et échangent des photos. « Certains sont apaisés par ces appels qui maintiennent le lien. Tous ne vivent pas de la même façon cette coupure avec leur famille », précise Romain. « Nous réfléchissons aux appels en visio qui compenseraient un peu l’arrêt des visites », indique Estelle. « Et les plus grands ont leur téléphone portable pour communiquer avec leurs proches. Mais leur famille et leurs amis leur manquent », constate Audrey.

Des questions sur la situation

« Nous demandons aux jeunes d’être vigilants quant à l’hygiène. Ensemble, nous désinfectons le pôle adolescent trois fois par jour. Quant ils rentrent de l’extérieur, ils prennent une douche et changent de vêtements. Ils se lavent les mains fréquemment. Ils ont bien intégré ces consignes. Pour l’instant, aucun cas de covid-19 n’a été détecté ici. Preuve que les mesures prises fonctionnent bien. Et au cas où, nous avons une chambre de confinement », souligne Audrey. 

Les enfants, malgré toutes ces précautions, ne ressentent pas d’angoisse quant à la situation. Audrey explique qu’ils réclament des informations : « On leur a expliqué que les frontières sont fermées et tous les pays confinés. Et quand le président de la République parle, on leur résume son allocution. » Mais « le plus dur pour eux, c’est de ne pas savoir quand s’arrêtera ce quotidien boulversé », atteste Romain.

Édith Combe

La vie dans un foyer de l'enfance - jeunes jouant au foot

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