Le dessous des œuvres

18 mars 2019

Chaque année, dans les châteaux et musées du Département, de nombreuses œuvres sont restaurées afin d’assurer leur conservation et leur accessibilité. Des actions discrètes mais essentielles à la vie des ouvrages. Un paravent décoratif qui a perdu sa fonction de meuble, une table curieuse à l’élégance déchue et une des plus anciennes peintures murales protestantes in situ, trois restaurations à découvrir !

Le paravent chasse à courre - Gien

Ce paravent, accroché au mur, était utilisé comme panneau décoratif dans la demeure de la propriétaire. Composé de huit feuilles, il est dit en grisaille car il est peint dans un camaïeu de gris. Il représente une scène de chasse à courre. En effet, l’action peinte montre des chiens entourant un animal chassé et des cavaliers qui accourent pour porter le coup final à la bête. On y retrouve aussi les accessoires typiques de cette pratique : trompes ; fouets et dagues.

Les dégradations

Le paravent a été conservé fermé pendant un certain temps. Ces conditions ont altéré son état. L’objet est fortement empoussiéré et affublé de déchirures visibles consolidées au recto et parfois réparées au verso. Les charnières sont en mauvais état ce qui fait que le paravent ne peut s’ouvrir que dans un sens. Les panneaux peints sont tachés de fientes de pigeons dues à un mauvais entreposage.

La restauration

L’objectif de la restauration : « redonner une fonction de meuble à ce paravent », spécifie Florence Delnef, chargée de la restauration. D’abord un grand nettoyage. Il a été effectué à l’aide d’une gomme éponge pour éliminer salissures et poussière ainsi que d’une spatule pour déloger les déjections d’oiseaux en évitant toute dégradation de la peinture. Au verso, les auréoles ont été atténuées et les zones de papier abimées ou décollées ont été restaurées. Les charnières ont été remplacées. Enfin, de légères retouches de la couche picturale ont harmonisé l’ouvrage.

 

Château de Gien
1 Place du Château
45500 Gien
chateau.musee-gien@loiret.fr
02 38 67 69 69

Paravant scène de chasse à courre, monochrome de gris

Paravent chasse à courre - Château-musée de Gien

décollement du papier sur un des bords du paravent

Bords décollé du paravent

Une table à jeu ingénieuse - Sully

Au premier abord, on apprécie le raffinement de cette table marquetée. Cependant on ignore souvent qu’elle renferme un plateau de jeu. Il suffit de faire pivoter le plateau de 90° et l’ouvrir pour découvrir un carré de feutrine vert destiné au loisir ainsi qu’un espace de rangement caché. Un objet d’art utilitaire !

Un objet en souffrance

Le temps est passé sur cette table à jeu et y a laissé ses traces. On constate des dégradations au niveau de sa structure qui impactent sa stabilité tout comme le déploiement de son plateau. D’un point de vue esthétique, plusieurs dégradations nuisent à son élégance : la décoloration de son vernis à plusieurs endroits, des empiècements ou placages* abimés ou manquants ainsi que la disparition de pièces sur les bords du plateau.

Sa restauration

L’atelier Lemaire, chargé de la restauration a d’abord procédé à une stabilisation de la table. Pour cela, le restaurateur a recollé la ceinture du meuble et comblé une fissure présente sur l’un des pieds avec un bois de la même essence pour une réfection discrète. Le décapage a permis de redonner une couleur unifiée au vernis. Ensuite, les décollements de placages ont été lissés par une technique de serrage utilisant de la colle à poisson. « Il s’agit du même type de colle que celle employée lors de la fabrication du meuble, précise l’artisan. Il manquait une dizaine de pièces en os ainsi que deux pièces en ébène. Les pièces en os ont été délignées dans des plaques, puis taillées grossièrement avant collage ». Une nouvelle feutrine a été agrafée au plateau avant de remonter la table. Teintée et cirée, vous pouvez désormais l’admirer dans une salle du château.

* feuilles de bois collées sur un assemblage de menuiseries afin de marqueter une pièce

 

Château de Sully-sur-Loire
Chemin de la salle verte
45600 Sully-sur-Loire
chateau.sully@loiret.fr
02 38 36 36 86

Table marquetée

Table marquetée - Château de Sully-sur-Loire

La peinture murale de la chapelle - Chamerolles

Plus connu pour sa promenade des parfums, le château de Chamerolles abrite, dans sa chapelle, une des plus anciennes peintures murales protestantes in situ. Cette œuvre concentre les revirements religieux de l’histoire de France. Commandée en 1562-65 par Lancelot II du Lac afin de transformer cette chapelle en un temple protestant, elle subit les foudres des guerres de religion. Cachée et calfeutrée lors de la révocation de l’Édit de Nantes**, elle n’est découverte qu’en 1991 lors de la réfection du château.

Un besoin de restauration

Cela fait vingt-huit ans que l’œuvre n’a pas été restaurée et des oiseaux l’ont en partie dégradée. C’est l'inscription de la chapelle et de ses décors peints aux Monuments Historiques, en 2016, qui a motivé la vérification de son état de conservation. « Au vu de l’intérêt historique de la peinture et de son état, il nous a paru important de lancer une consultation pour la restauration de l’œuvre », confirme Manon Deparpe, chargée des collections du château.

Un diagnostic d’état

La restauration de la peinture murale en est à sa première phase : l’étude. Le 28, 29 et 30 janvier derniers, deux restaurateurs Claire Dandrel et Julien Assoun se sont attelés à l’analyse de son état. Une mission pour mieux connaitre l’œuvre et déterminer les zones à restaurer. L’artisan doit être attentif à la matière car c’est elle « qui nous montre, qui nous informe sur les différentes couches de peinture ou sur l’état de l’œuvre ». Suite à cette analyse, ils proposeront un rapport d’étude qui permettra de mettre en place une action de restauration.

**Édit signé par Louis XIV le 18 octobre 1685 à Fontainebleau, qui mit fin à l'existence légale du protestantisme en France.

 

Château de Chamerolles
45170 Chilleurs-aux-Bois
chateau.chamerolles@loiret.fr
02 38 39 84 66

Diagnostic d'état d'une peinture murale religieuse

Peinture de la chapelle - Château de Chamerolles

Etude peinture de la Chapelle

Claire Dandrel étudiant la peinture de la chapelle du château de Chamerolles

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