Le radiateur d’appoint : premier roman d’Alex Lutz

22 décembre 2020

Alex Lutz, loirétain d'adoption, comédien, metteur en scène, auteur de pièces de théâtre, de sketches, de films sort son premier roman, Le radiateur d’appoint, chez Flammarion. Un essai transformé.

Alex Lutz premier roman le radiateur d'appoint - portrait

Grâce au radiateur d’appoint acheté par Françoise et par Anouck, dans le magasin de bricolage d’une zone commerciale, qui pourrait être cap Saran, nous faisons connaissance avec les héros de ce premier roman. Le radiateur, narrateur, nous les présente tels qu’ils sont : attachants, cabossés, seuls, solidaires et lâches, empathiques, tellement humains. Ici, la tristesse croise l’humour et la tendresse, l’amour. C’est l’humanité avec toutes ses nuances.

« Des auteurs comme Maupassant et Edgar Allan Poe ont déjà fait parler des objets. Le livre de Claude Dantan Le monde selon Flambeau fait aussi d’un radiateur en fonte un personnage central qui voit défiler des gens sur un siècle », indique Alex Lutz.

Le radiateur d’appoint : premier roman d’Alex Lutz - livre

Comment vous est venue l’idée du radiateur narrateur ?

Un jour que j’avais froid dans ma loge j’ai demandé qu’on m’achète un radiateur d’appoint. En ouvrant le carton, il fallait monter les roulettes, rien n’était fourni avec pour le faire sans outil. Deux gros autocollants étaient collés sur chaque paroi, qui ne servaient à rien car c’était la photo du radiateur… Les retirer était compliqué : il restait toujours de la colle. On a essayé avec une éponge... le vert de l’éponge s’est collé dessus, c’était agaçant... Et je me suis agacé en pensant aux gens qui se sacrifient pour acheter un truc comme ça… Bref, en y repensant plus tard, je me suis dit que ce serait une bonne idée de roman, que cette difficulté, cet énervement créeraient des situations. J’en ai parlé à Flammarion, l’idée leur a plu et c’est parti comme ça !

Vous éprouvez une grande tendresse pour vos personnages…

Oui. Ce sont des âmes un peu cassées, comme nous le sommes tous en ce moment. C’est propre à l’humanité : les gens se débattent avec les grands sentiments. Tout le monde charrie son poids, porte sa douleur et ses difficultés. Les personnages se débattent avec leur culpabilité. Thibault se sent coupable vis-à-vis de sa mère, Alya vis-à-vis de Françoise… Tous ont besoin de se réchauffer, d'où aussi l’idée du radiateur.

Aujourd’hui, on a tous envie d’être au chaud, de se toucher, de s’étreindre, se serrer dans les bras. Mais, avec le risque sanitaire c’est une habitude qu’on a perdu ! Et cela m’inquiète. J’ai envie de continuer à relever une vieille dame qui vient de tomber sans me poser de question. J’ai vraiment une grande tendresse pour l’humanité. Je suis parfois désespéré mais pas misanthrope

L’écriture d’un roman est-elle différente de celle d’un film, d’une pièce de théâtre, d’un sketch ?

Non pas vraiment car il s’agit toujours de raconter une histoire. Et ça, avec les autres formes d’écriture, je sais le faire. L’écriture d’un film est plus mathématique, car on a un timing à respecter. Si c’est trop long, on est obligé de tout recommencer. Là, pas de limite, je me suis senti plus libre. Cela m’a donné envie d’écrire d’autres romans.

Quels sont vos projets ?

Le spectacle du Cado de novembre a été annulé. Il ne sera pas reporté car le théâtre a d’autres engagements. Mais je pense qu’on pourra en prévoir un autre dans le futur, car j’aime beaucoup cette salle, Christophe Lidon* et jouer dans le Loiret.

Je commence les répétitions pour une pièce qui sera jouée, en mars, au théâtre du rond-point : Snow thérapie. Elle a été adaptée du film Snow therapy de Ruben Östlund qui a remporté le prix du jury au festival de Cannes de 2014. Cette pièce raconte un couple mis à mal en raison de réactions différentes, avec plus de drôlerie que le film, et pose de vraies questions sur le couple, le masculin, le féminin.

La sortie du film de Quentin Reynaud, 5e set, est reportée. C’est un très joli film. Il raconte l’histoire d’un joueur qui a été, à dix-sept ans, demi-finaliste de Roland-Garros. La défaite l’a traumatisé. Il est resté joueur professionnel, a toujours bien fait son métier mais n’a jamais réussi à revenir au top. À l’âge où les sportifs raccrochent les gants, on lui propose un dernier tournoi, qu’il accepte contre l’avis de son entourage. C’est l’histoire du chant du cygne de ce tennisman. C’est très universel aussi.

Ce personnage a-t-il des points communs avec Guy, le film que vous avez écrit et joué, sorti en 2018 ? Une volonté de retour flamboyant ?

Oui, c’est ce qu'on m'a dit ! Mais il y a aussi le temps qui passe… ça me travaille. J’en parle également dans mon livre. Ça me tripatouille le cœur. Je suis capable de pleurer devant certains films et en lisant des livres qui parlent du temps qui passe.

Tout à l’heure vous disiez que vous aimiez jouer à Orléans. Cela fait quatre ans que vous avez déménagé dans le Loiret, vous avez l’air de vous y plaire…

Oui, je suis bien dans le Loiret. C’est un chouette département à l’image de la France. On y vit assez proche de la population pour en sentir toute l’humanité et on est proche de la nature. Et j’aime la Loire qui est belle. Ce fleuve sauvage, dont les abords sont supers bien aménagés, comme les quais à Orléans. Les villes qui le borde, Chécy, Combleux, jusqu’à Sully, ont une volonté un peu verte d’aménagement, elles ont su trouver un équilibre. Si je pouvais tout faire dans le Loiret : tourner des films ; jouer… j’en serais très heureux !

Édith Combe

Le radiateur d’appoint – Alex Lutz – Flammarion – 18 €

*directeur du Cado

Revenir en haut de page