Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception !

30 mars 2021

Il y a cent ans, Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine, traverse la Cordillère des Andes. La jeune pilote est la première femme au monde à réussir cet exploit ! Féministe, elle s’engage, en 1934, pour que les Françaises obtiennent le droit de vote. Et, en 1940, elle rejoint la résistance via le réseau CND-Castille du Loiret avec son mari. Suivez ses exploits sur le site des Archives départementales du Loiret où une exposition virtuelle lui est consacrée.

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Avion

Connaissez-vous l’histoire d’Adrienne Bolland ?

Elle est née le 25 novembre 1895 à Arcueil dans le Val de Marne. Dernière d’une famille de sept enfants, elle passe une partie de sa jeunesse au château d’Allonnes à Donnery.

Son père décède en 1909. Sa famille se retrouve dans une situation matérielle difficile. De plus, la jeune femme, addicte au jeu, est ruinée. Elle jette alors son dévolu sur l'aviation. Adrienne, indépendante et anticonformiste, décide de s’inscrire à l’école d’aviation des frère Caudron, en novembre 1919. Sa décision provoque un scandale familial. Elle obtient son brevet de pilote aviatrice le 26 janvier 1920, deux mois seulement après son baptême de l’air. Elle est la treizième femme à l’obtenir.

Le 25 août 1920, elle franchit la Manche au départ de France. Première femme à réaliser la traversée dans ce sens. Une Américaine avait déjà fait le vol d’Angleterre vers la France, en 1912.

Début de carrière

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Portrait d'Adrienne Bolland

 

 

 

 

 

 

 

 

René Caudron l’embauche. Elle devient pilote d’essai, ralliant l’Argentine, en octobre 1920, pour effectuer des voltiges publicitaires. La presse locale la suit. Sa popularité grandit, notamment auprès des Argentines.

Une rumeur enfle : la véritable raison de la présence d’Adrienne Bolland serait la traversée de la Cordillère des Andes. Cette idée lui trottait effectivement dans la tête. Alors, l’aventureuse relève le défi !

La traversée héroïque

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Adrienne Bolland en avril 1921

 

 

1er avril 1921. 6 h 15.

Adrienne décolle de Mendoza (Argentine), à bord de son biplan Caudron G3 de 80 CV. Elle rallie Santiago (Chili) après 4 h 15 d’un vol épique.

Épique car elle le réalise au péril de sa vie avec un équipement plus que sommaire : sans plan ni instrument de navigation avec seulement une boussole ; cockpit ouvert ; le corps graissé des pieds à la tête ; des bandelettes comme première couche, suivi d’une deuxième en papier journal coincé sous son pyjama de soie et, pour achever de la protéger du froid, une combinaison de mécano matelassée. Elle prend aussi un couteau pour combattre les condors et des oignons, donnés par un paysan, pour manger en vol et combattre le manque d’oxygène.

Un indice lui a été soufflé par une femme, un peu médium, avant son départ : « Vous réussirez si, après avoir vu un lac en forme d’huître, vous laissez les vallées qui se présentent à droite pour virer à gauche sur les montagnes ». Elle suit ce conseil. La jeune femme franchit aussi un col de 4 200 mètres avec un engin qui ne doit pas dépasser les 4 000 mètres, elle qui n’a enjambé, jusqu’à maintenant, que les collines de Picardie. Elle doit sa renommée à une apparente impréparation, un mental hors du commun et une grosse prise de risque.

Elle n’a que vingt-cinq ans lorsqu’elle accompli cet exploit inimaginable pour l’époque.

Une renommée internationale

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Adirenne en une du journal

 

 

 

 

 

 

 

À son atterrissage à Santiago du Chili, une foule admirative de son audace l’accueille. L’ambassadeur de France ne s’est pas déplacé, croyant à un poisson d’avril !

Ses cheveux ébouriffés deviennent le signe emblématique de ce vol et demeurent encore dans les mémoires. Cette popularité perdure en Amérique du sud. Ainsi, l’ambassade de France en Argentine commémore avec éclat le centenaire de cet évènement.

L’intrépide Adrienne Bolland a laissé une trace indélébile dans l’histoire de l’aviation !

Adrienne ne s’arrête pas là !

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Adrienne Bolland et son mécanicien

Dès 1921, elle parcourt la France et participe à de nombreux meetings, tous les dimanches et les jours fériés.

Elle bat le record féminin de loopings enchaînés : 212 boucles. Elle avait prévu d’en réaliser 1 112 pour battre le record masculin de 1 111 mais son avion a lâché avant elle !

Plus tard, avec son mari, Ernest Vinchon, rencontré dans un rassemblement, ils en organisent eux-mêmes. À sept reprises, elle échappe à la mort suite à des accidents ou des sabotages, peut-être en raison de son amitié avec Jean-Moulin, de ses positions politiques ouvertement à gauche ou de ses engagements notamment durant la guerre d’Espagne ?

On improvisait tout, et sans doute ce qui a été fait à l’époque “héroïque” n’aurait jamais été tenté par des gens trop sages. Nous étions des casse-cou.

Adrienne Bolland

Les autres combats de l'intrépide pilote

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Adrienne et son mari

 

En 1934, Louise Weiss lui demande de l'aider dans la cause du vote des femmes. Elle convainc Hélène Boucher et Maryse Bastié, aviatrices, de la rejoindre dans son combat.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, engagée avec Ernest, dans la Résistance, ils rejoignent le réseau CND-Castille du Loiret. Ils sont chargés de trouver des terrains pour l’aviation des Forces françaises libres.

Elle meurt le 18 mars 1975 à Paris et est enterrée à Donnery, berceau de sa famille. Seuls son frère et quelques membres d'honneur des Vieilles Tiges sont présents à ses obsèques.

Hommages

Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception ! Carte Adrienne

 

 

Dans le Loiret, le groupe scolaire de Donnery porte son nom, comme des rues à Donnery, Saint-Jean-de-Braye, Saran. Un timbre français a été créé à son effigie, en octobre 2005 et en Amérique du sud, deux sceaux commémoratifs des postes argentine et chilienne. À Santiago du Chili, des rues sont baptisées de son nom. Même si elle est reconnue comme l’une des ailes française, elle n’aurait pas de monument à son nom dans le monde.

Les Archives départementales du Loiret ont fourni, à l’ambassade de France d'Argentine, vingt reproductions des photographies, grand format, illustrant et commémorant l’exploit d’Adrienne Bolland. Celles-ci seront affichées sur les grilles de l’ambassade, avenue du 9 juillet. L’inauguration se fera en présence de plusieurs officiels dont les ministres argentins de la Défense, des Sports et de l’Égalité et d’associations de femmes pilotes. C’est un peu de souffle loirétain qui atteindra la terre d’Argentine !

Édith Combe

Visitez l'exposition virtuelle des Archives départementales consacrée à Adrienne Bolland

Pour y accéder, c'est ici !

Bonne visite !

Édith Combe

Revenir en haut de page