Les Clés de la Ferme, porte ouverte à l’agriculture bio pédagogique
À Chevannes, dans le Loiret, l’association Les Clés de la Ferme ressuscite une ferme du XVIe siècle pour l’ouvrir au public. Visites explicatives, maraîchage pédagogique, atelier d’apiculture, de vannerie… bientôt à prévoir.
Ils ne pouvaient plus taire l’appel(pelle) de la terre. Le couple Louise et Benoit Ratier, la trentaine franchie, passe de l’humanitaire pour elle, de la banque pour lui, à l’agriculture. « Le travail éthique du sol représente l’une de nos premières valeurs quand vient l’heure fatidique de le protéger, raconte le récent diplômé d’un BTS agricole. Éthique ? Oui, avec l’association Les Clés de la Ferme, nous en créons justement une à Chevannes, mais pas n’importe laquelle, une pédagogique axée sur le végétal. Comment pousse une carotte ? Comment cultivons-nous les vignes ?... Telles sont les questions auxquelles nous apporterons des réponses. »
Aujourd’hui, toujours actifs dans leurs activités professionnelles respectives, les agriculteurs intérimaires proposent d’ores et déjà la visite de leur ferme acquise il y a moins d’un an. Ainsi, une bonne vingtaine de personnes s’y pressent les premiers samedis du mois portées par le bouche-à-oreille et leur intérêt pour ce projet grandissant. Le tour de cinq hectares du propriétaire débute par les prémices du jardin, futur sanctuaire, entre autres, d’une roseraie que Benoit espère un jour un point d’étape de la Route de la Rose. Viennent ensuite la basse-cour peuplée de quelques poules et coqs et le bois attenant. Là, en bordure de fins cours d’eau ressuscités par un défrichement, poussent des cultures de champignons, un potager de courges joliment clôturé autour d’une dizaine de moutons, en attendant des espaces de plantes médicinales et toxiques. Quant à l’activité principale de la future ferme, le maraîchage, une serre en verre de 700 m2 aux fondations déjà creusées et des cultures de légumes à ciel ouvert remplaceront l’herbe d’ici mars prochain.
Un maraîchage en sol vivant
« Nous pensons créer là une trentaine d’îlots, chacun destiné à la pousse d’un légume, épinard, patate douce…, détaille Théophile, autre pilier du projet Les Clés de la Ferme. Nous les accompagnerons de pancartes pédagogiques et, pour ceux qui nécessitent le savoir spécifique d’un métier, nous ferons venir l’un de ses représentants pour donner des cours aux visiteurs. » Le jeune trentenaire, lui, comptera bientôt dans les rangs des professionnels brevetés, en reconversion professionnelle depuis la conception d’effets 3D pour la publicité ou le cinéma. « Ça ne s’inscrivait pas dans mes valeurs, je préfère répondre à un réel besoin qu’en créer un d’inutile. Avec l’agriculture en sol vivant, bannissant donc l’engrais et le labour pour son appauvrissement corrélatif de la terre, nous laisserons vivre une grande diversité de micro-organismes et de minéraux dont se nourriront les plantes. »
Des ateliers de permaculture, apiculture vannerie...
D’ici que le sol ne s’orne de mille saveurs et couleurs, Les Clés de la Ferme organise des stages. Toute cette semaine-ci s’en tient justement un consacré à la permaculture, le principe d’un écosystème harmonieux. Il succède à un atelier d’apiculture mené par un professionnel des abeilles sur les ruches de la ferme chevannoise qu’il bichonne. Il en précède très certainement d’autres sur la vannerie, en l’occurrence la confection de nichoirs à partir de fibres végétales, ou encore la découverte des plantes sauvages comestibles de la cueillette à l’assiette. Dans quelques années, Benoit Ratier espère également ouvrir une brasserie et des chambres d’hôtes. « Notre plan économique évolue sans cesse en fonction de nos rencontres avec des professionnels, des associations, des organisateurs d’évènements... Hormis le foncier, le projet nous demande un investissement de 300 000 euros. Et, bien heureusement, nous pouvons compter sur nos bénévoles aux talents manuels diverses. » Projet à suivre donc de pied ferme.
