Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes

08 mars 2022

Pour la quatrième année, le Département organise, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une exposition photographique qui met un coup de projecteur sur des parcours de femmes loirétaines. Le thème de 2022 : le handicap. À découvrir absolument ces "Parcours de combattantes" !

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Sandra

Du 8 au 31 mars, dans le hall du Département du Loiret*, sont exposées des photographies de femmes confrontées au handicap. Elles possèdent toutes une volonté de fer. Elles constatent que le regard des gens est différent suivant leur handicap : visible, comme Sandrine ou Justine, on les regarde avec indulgence ou compassion ou au contraire avec crainte ; invisible, comme Clothilde et Aurélie, elles sont amenées à se justifier sans cesse. 

Marie-Agnès Courroy, Nadia Labadie et Isabelle Lanson, les trois conseillères départementales, à l’origine du projet, nous encouragent, à travers ces Parcours de combattantes, à changer nos regards, car elles l’assurent : « L’inclusion est une nécessité pour tous et pour toutes les formes de handicap ! Nous sommes tous concernés. ». Elles rajoutent : « Nous voulions mettre en lumière le parcours de ces combattantes du quotidien, prêtes à déplacer des montagnes pour mener une vie la plus autonome possible. Chapeau bas ! »
 

Atteindre un objectif de vie à force de persévérance

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Béatrice

Clothilde, Aurélie, Christelle, Annie ou Martine ont chacune longtemps fréquenté hôpitaux et spécialistes avant que ces derniers mettent un nom sur leur maladie. Une errance médicale éprouvante, de cinq à dix ans, souvent synonyme de douleurs et de retard dans la prise en charge de leur affection. Une fois le diagnostic posé « j’ai pu avancer ! », déclare Aurélie.
À force de persévérance, Anne-Claire, née avec un bras en moins et le second raccourci, a obtenu, après dix-huit ans de lutte, l’autorisation de passer son permis de conduire, « sésame pour la liberté ».
Anaëlle a attendu dix-huit mois avant d’intégrer les sapeurs-pompiers volontaires. Elle est la première du Loiret à bénéficier d’un engagement différencié : elle ne part pas au feu mais est sollicitée lors des interventions liées aux services à la personne. 

Utile est le leitmotiv de Béatrice, présidente de la fédération des aveugles du Val de Loire et de Martine qui a effectué trois mandats à la ville d’Orléans au service de ses concitoyens. Annie s’est d’abord interrogée : « Que faire pour être utile ? Comment développer des liens sociaux, avoir une vraie place dans la vie ? ». Elle pensait pouvoir « apporter quelque chose tout en refermant quelques blessures » en devenant représentante régionale et départementale de France handicap où elle travaille à rompre l’isolement des personnes handicapées car nombreuses en souffrent. Anne-Claire travaille comme conseillère à Pole emploi et s’est engagée comme présidente bénévole de l’association Espoir 21, qui accueille la journée les personnes trisomiques ou apparentées. Caroline, de son côté, rassure les enfants privés d’un membre et leurs parents car elle est l’exemple même que l’on peut « réussir comme les autres ! ».
 

Faire le deuil de la vie d’avant

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Annie

Les femmes témoignent à l’occasion de cette exposition Parcours de combattantes de leurs histoires singulières. Elles expliquent, sans tabou, leurs difficultés quotidiennes, leurs épreuves, leurs vies, leurs joies. Ici, toutes déclarent que « la vie est belle » et qu’elles sont bien entourées. Elles ont tendance à minimiser leur handicap expliquant que « certains sont beaucoup plus lourdement handicapés que moi ! ». 

Atteintes de maladie, les femmes sont obligées de faire « le deuil de leur vie d’avant ». Annie remarque « qu’on n’est pas accompagnée pour cela. Des outils nous aident dans le quotidien, mais le regard des gens changent. Petit à petit, j’ai été écartée, les amis me faisaient comprendre que je devenais un poids. Les liens se sont défaits. Aujourd’hui, mes connaissances sont en lien avec le handicap. Nous nous comprenons et avons la même envie de faire avancer les choses ». Et Christelle constate que « lorsqu’on a vécu normalement, c’est dur de se restreindre. Je ne peux plus courir, danser... Je m’interdis le moins de choses possible ! » Aurélie a dû « renoncer à son métier de trompettiste. La dernière fois que j’ai joué sur scène, j’ai fini aux urgences le soir même car ça m’a déclenché de très fortes douleurs ». Elle a seulement gardé l’activité de cheffe d’orchestre pendant laquelle « je m’accorde ce moment où je peine un peu mais ça me fait énormément plaisir de garder, pendant deux heures, cette passion et cette direction d’orchestre ». Sa maladie l’a obligée à changer de domaine professionnel. 

Des outils sur lesquels s'appuyer

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Clothilde

Les outils qui les aident au quotidien sont vécus différemment suivant les femmes. Aurélie s’est sentie revivre grâce au fauteuil, « qui est un autre moyen de locomotion. J’ai recommencé à faire mes courses, à aller au concert, au restaurant… Au para tennis, j’ai des sensations de glisses hyper sympas, comme au roller que je pratiquais avant ». Tandis que Justine a considéré son amputation comme « une solution qui va me sauver. Je marchais avant l’accident, je suis restée deux ans et demi en fauteuil, je n’en pouvais plus ! Cette solution m’a permis de remarcher ! ». Caroline, « ne se met aucune limite dans la vie », mais « se sent plus entière avec sa prothèse de bras » que « beaucoup ne remarque pas ». 

Émilie a dû s’aider d’une canne pour marcher, « psychologiquement, ça a été très dur les premiers jours ». Même chose pour Béatrice, qui a appris à se déplacer avec une canne blanche et « ça a été vraiment difficile, car il faut l’accepter, il faut accepter de donner l’image aux autres de cette différence. Je le vivais comme une diminution. C’est les larmes aux yeux que je la sortais ». Alors elle a « entrepris une formation aux chiens guides. Et mon premier chien guide a représenté la liberté ! » Annie complète « je suis devenue la dame au chien. Il m’aide à faire changer le regard des gens, à aller de l’avant ». Pour rien au monde, Béatrice et Annie reviendraient en arrière !

Le regard des autres n’est pas toujours tendre. Anaëlle a été harcelée au collège « quand je cachais mon handicap du début de CM2 jusqu’en milieu de la 4e ». Pour que cela s'arrête, elle a expliqué « qu’un handicap est un handicap qu’on peut tous être touché. J’en ai tout de suite parlé à mon copain, je lui ai dit "je suis malentendante" et il m’a acceptée telle que je suis ! » Quand Sandra fait l’objet de remarques concernant son handicap invisible, elle se dit : « mince, je ne l’ai pas caché assez ! » 
 

Ce que Anne-Claire essaie de transmettre c'est que « j'ai voulu être autonome et indépendante, je me suis battue, pour cela, dans tous les domaines, pour ne pas être considérée, justement, comme seulement une personne handicapée, ce qui est très réducteur, avouons-le, mais bien être reconnue en tant que personne à part entière ! J'ai décidé que je méritais de vivre ma vie et mes rêves tels que je l'entends et pas comme que les autres imaginent que cela devrait être, coincée dans mon corps. » Annie, quant à elle, rêve de « vivre dans une société sans discrimination qui fait de toutes les différences une richesse. Je souhaite rester le plus longtemps possible une femme libre, passionnée et autonome ».

Un entourage indispensable

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Gloria

Caroline remercie ses parents, « les premiers acteurs » de la confiance qu’elle a en elle. « Ils m’ont poussé à réussir et mon caractère a fait le reste : j’ai toujours voulu faire autant que les autres ! » Et ça a marché : pour preuve, elle skie, joue au tennis où elle se classe 15/3… a « l’esprit de compétition ». Christelle déclarent que ses deux filles de treize et dix-neuf ans la « booste. Elles m’aident beaucoup ! » 

Tandis que certains couples se cassent, que des amis s’éloignent suite à l’annonce de la maladie, Annie vit toujours avec son conjoint, « et ce n’est pas toujours ainsi ! », Anne-Claire va se marier et Béatrice a refait sa vie il y a douze ans. Émilie se sent « très soutenue par son entourage ». Anne-Claire observe que son handicap visible « peut déranger certaines personnes. En vieillissant, le regard des autres, on le laisse passer ». Pourtant Annie constate que « les jours où je suis fatiguée, j’ai du mal. Dans la rue, je suis confrontée à des réactions de crainte, proches du rejet qui me font souffrir ». Clothilde se croit toujours obligée de se justifier lorsqu’elle se gare sur une place handicapée car à la voir comme ça, on ne se doute pas qu’elle souffre d’une maladie évolutive qui provoque des troubles de la mobilité.

Le handicap a beaucoup appris à Aurélie « sur la vie et le sens que je voulais donner à ma vie. J’ai aussi appris à écouter mon corps. » Elle estime que « les personnes en situation de handicap, ce sont elles qui s’adaptent le plus et que jamais le monde ne s’adaptera autant que les handicapés s’adaptent au monde. C’est aussi ça notre force ! » « Le handicap permet de se rendre compte qu’il y a beaucoup de belles choses dans la vie », soutient Christelle. Émilie, elle, a « gagné en force de caractère ».
 

Et Gloria de conclure : « Handicapé ou non, on est tous des êtres humains. »

Un fois n'est pas coutume, on tire le portrait de Charlotte Brunet

Loiret : exposition photos sur des Parcours de combattantes - Charlotte Brunet

Après des études qui n’ont rien à voir avec le 8e art, Charlotte, passionnée de photographie devient assistante de photographes de mode dans un studio parisien. Auprès d’eux, elle étudie la technique, affute son œil et observe leurs savoir-faire. Elle apprend comment jouer avec la lumière et les objets. 
Puis, il y a quinze ans, elle se lance et s’équipe. 
Au début, Charlotte est photographe culinaire. Elle rencontre un jeune styliste culinaire avec lequel elle publie plusieurs livres
Depuis six ans, « je m’autorise des portraits ». Avant, « je manquais de confiance pour m’attaquer aux humains ». « J’aime traiter de sujets qui mélangent portrait et culinaire. » 

Elle est aujourd’hui installée dans le Loiret. Il y a deux ans, avec Julian Legendre, son conjoint, ils lancent j’menfood, des portraits de restaurateurs et commerçants de l’Agglo afin de les soutenir lors de la pandémie mondiale. « Nous voulions donner un coup de main et remercier tous ces artisans. » Le premier numéro a été autoproduit et autofinancé, le deuxième a vu le jour grâce à un financement participatif. Le troisième est en projet. 

Lors des prises de vue pour l’exposition Parcours de combattantes, Charlotte a délibérément choisi de ne pas montrer le handicap de ses modèles « car ce n’est pas ce qui les définit », laissant ainsi planer le flou sur le handicap visible ou invisible de ses modèles. 

Les livres de Charlotte

  • Ma cuisine zéro reste - Éditions Mango
  • Recettes du Monde avec Cookeo - Édition Dessain et Tolra
  • Plats vegan en 4 ingrédients - Éditions Mango
     
  • Glaces et sorbets - Hachette cuisine
  • Alix Lacloche, Dans ma cuisine - Hachette cuisine
  • Veggie burger - Éditions La Plage
     

Cette exposition a été réalisée en partenariat avec France Bleu et La République du Centre.

*15, rue Eugène-Vignat à Orléans – du lundi au vendredi de 8 h à 17 h 30 – Entrée libre (masque obligatoire)

 

Édith Combe

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