Marcel Proust garde un souvenir heureux d’Orléans

01 avril 2022

Le 3 avril, le concours international de piano d’Orléans s’ouvre par le concert Dans le salon de Proust. Cette année, est célébré le centenaire de sa mort. Savez-vous que le célèbre auteur a effectué son service militaire à Orléans ? Récit d’une année de volontariat.

Marcel Proust garde un souvenir heureux d’Orléans

Marcel Proust, par Jacques-Émile Blanche, en 1892. (© ADAGP / Musée d’Orsay)

Marcel Proust est né le 10 juillet 1871 à Paris où il est mort le 18 novembre 1922. Cet écrivain français est connu pour son roman À la recherche du temps perdu. Si tout le monde n’a pas lu les sept tomes, chacun connaît l’incipit du premier tome, Du côté de chez Swann, le plus célèbre de la littérature française : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » 

Proust à Orléans : une année sous les drapeaux

Pendant un an, de 1889 à 1890, Marcel Proust vit à Orléans, car, à dix-huit ans, il devance l'appel sous les drapeaux et y accomplit son service militaire, au 76e régiment d'infanterie, caserne Coligny. Il semble en garder un souvenir heureux

Jean-Pascal Mahieu, dans Marcel Proust à 20 ans Le temps de la recherche, écrit : « "Cheveux, châtains ; front, bas ; nez, moyen ; bouche, moyenne ; menton, rond ; visage, ovale ; taille, 1 mètre 68." Ce portrait d’une précision d’artilleur est dressé par un médecin militaire en novembre 1889. C’est celui de Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust, né le 10 juillet 1871 à Auteuil, soldat de deuxième classe au 76e régiment d’infanterie d’Orléans. Il s’est porté volontaire pour un an mais son allure n’en laisse rien paraître et, lorsqu’on lui demandera un jour quel fait d’armes il admire le plus, il répondra malicieusement : "Mon volontariat !" Au garde-à-vous parmi les autres, Marcel passe à peu près inaperçu. Les choses se gâtent dès qu’il bouge. Il manque d’adresse et de vigueur. Lorsqu’il tire au fusil, il craint tellement le choc du recul sur l’omoplate qu’il en oublie sa cible. Grâce aux relations de son père, il échappe aux exercices les plus difficiles. Adieu la natation, les parades matinales et le saut à cheval sur les fossés ! Ce service militaire à la carte lui convient mieux mais ses résultats s’en ressentent. L’expérience s’achèvera sur une mention en forme d’épitaphe portée dans son dossier : "Ne sait pas nager" Il terminera soixante-troisième au classement de sortie. Sur soixante-quatre. »

Pourtant, la vie en collectivité n’est pas facile pour lui : sa santé est fragile, il souffre d’asthme et redoute les pollens qui ont failli le tuer, des années auparavant, au retour d’une promenade printanière. Durant son service militaire, sa respiration bruyante réveille ses camarades de chambrée.

« Ce service militaire tombait aussi à pic. Marcel ne savait pas quoi faire après le lycée malgré l’insistance de son père qui le pressait de choisir une carrière. À l’armée, il suffit d’obéir. C’était l’endroit rêvé pour lui qui se disait malade de la volonté. Le mot même de "volontariat" a dû le séduire. Être volontaire ne serait-il pas le meilleur moyen d’acquérir de la volonté? Et puis, il avait dix-huit ans, un âge auquel on s’emballe facilement. Marcel se serait montré si enthousiaste qu’il aurait essayé de prolonger son séjour à Orléans. Mais la patrie reconnaissante – et soulagée – préfère en rester là. Le colonel a certainement fait valoir que ce gentil soldat n’aurait jamais dû être incorporé. » poursuit Jean-Pascal Mahieu.

Édith Combe

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