Mez-le-Maréchal, le château d’un passionné

25 juin 2018
Mis à jour le Lundi 25 juin 2018 - 08:00

Le château de Mez-le-Maréchal, à la lisière de Dordives, a été racheté, il y a deux ans, par un passionné d’histoire, Florian Renucci. Son parcours est aussi intéressant que l’est son château.

Château Mez-le-Maréchal Dordives Florian Renucci 1

En arrivant de Dordives, vous tombez nez à nez avec la façade du château. Derrière la lourde porte se cache un trésor. Au centre de la cour, après le saule pleureur, se dresse la ruine d’un logis noble de la seconde moitié du XIIe siècle. Il est ceint par le mur et les tours du château fort du début du XIIIe siècle. Des membres de l’association ASP BVA* s’activent comme tous les mercredis. Ils désherbent, nettoient les abords, procèdent à des relevés et des capinages**. Au milieu de tous, Florian Rennucci, chef d’orchestre, met la main à la patte et s’assure que tout est fait dans les règles de l’art.

Florian Renucci, la forte tête

Fort de son cursus universitaire : hypokhâgne, khâgne, maîtrises de philosophie et d’histoire ; il s’engage, pour son service civil, auprès de l’association Rempart, organisatrice de chantiers de bénévoles. Là, « je restaure et entretiens le patrimoine artistique ». Puis, il devient tailleur de pierre, lui qui aime se servir de sa tête trouvait qu’il manquait cette corde à son arc : les mains dans la pierre ! « J’ai travaillé à la restauration de bâtiments parisiens : Pont-neuf ; Panthéon ; églises Saint-Séverin et de la Madeleine… » Que du beau !
1998, c’est l’année où il rejoint ce projet, considéré comme fou à l’époque : Guédelon ou la construction d’un château fort avec les matériaux et techniques utilisés au Moyen Âge. Il entreprend aussi une formation en restauration du patrimoine en terre crue chez CRAterre, en partenariat avec l’Unesco, ce qui en fait un professionnel très pointu dans son domaine.

Engagement

Il y a deux ans, le château de Mez-le-Maréchal est en vente : « J’ai mis vingt-quatre heures à me décider ! Et encore, je crois que ma décision était prise dès que j’ai su qu’il était à vendre ! J’avais conscience de sa valeur scientifique. » Cette tête bien faite voit là un bon moyen de vivre en accord avec ses passions : transmettre et valoriser le patrimoine. Il a « peur que l’histoire nous échappe ».
Il prépare deux expositions et des ateliers pour remédier à cela. De son parcours découle son envie de travailler avec des citoyens. Il est épaulé par l’association ASP BVA. Ses membres - chercheurs, architectes, retraités ou pas, de tous les niveaux sociaux - représentent une force à laquelle Florian est très attaché. Il respecte ce trésor que sont ces bénévoles.

Le passé dans le futur

« Le patrimoine c’est le génie de la main et des tracés. Mon ambition : faire en vingt ans de Mez-le-Maréchal un lieu de culture, avec, pourquoi pas, des concerts, du théâtre... Le restaurer suffisamment pour rendre une partie du château utilisable et faire évoluer la fréquentation. Puis Florian change de sujet pour expliquer : il existe des ponts entre les architectures médiévales en Occident et au Moyen Orient, des cousinages entre les différentes civilisations : les fortifications de Damas, par exemple, ont été érigées en même temps que le Louvre. Les civilisations médiévales utilisent les mêmes savoir-faire d’une rive à l’autre de la Méditerranée… C’est le thème de la deuxième exposition sur laquelle je travaille ! » On l’écouterait des heures. Alors, n’hésitez pas : un pique-nique, un coup de fil pour réserver la visite. Ah ! Révisez un peu le Moyen Âge aussi ! Vous ne serez pas déçus !

Édith Combe

*ASP BVA : association de sauvegarde du patrimoine et de la biodiversité des vallées du Betz et de l’Ardouse

** capinage : dessiner des murs avec des pierres à l’échelle.

Photo de la vignette É. Combe

Réservations par téléphone au 06 83 36 61 09
ou sur tourisme-ferrieres-loiret.fr/

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