Mystère au château de Sully
Y a-t-il eu meurtre ou pas ? Le château de Sully, en janvier 1902, a vécu un dramatique événement dont les circonstances restent toujours mystérieuses.
Le drame
Le châtelain Maximilien de Béthune-Sully invite quelques amis à dîner suite à une chasse. Les convives sont réunis dans la salle à manger. Ce vendredi 24 janvier 1902, jour maigre, le menu est constitué notamment de vol-au-vent au poisson. À peine les convives ont-ils commencé leur dégustation que de terribles brûlures leur irritent la gorge.
« Auguste [le cuisiner] a versé là-dedans tout son poivre ! », s’écrie le maître de maison. Tandis que les invités arrêtent de manger, le châtelain, lui, reprend volontiers plusieurs bouchées…
Bientôt tous sont pris de nausées et vomissements. On s’enquiert rapidement du docteur, Léon Boullay. Celui-ci prescrit de boire notamment du thé très chaud. Rapidement la situation des différents convives s’améliore. Celle du châtelain au contraire empire, il est pris de violentes coliques…
Le lendemain soir, il est frappé d’une crise d’urémie.
Dans la nuit la situation se détériore encore, il perd connaissance. Le médecin s’avère impuissant. Au chevet du malheureux se succèdent la famille et le curé. Le comte s’éteint au matin du 26 janvier, à l’âge de vingt-neuf ans. Il laisse une veuve, Bérengère, née Durieu de Lacarelle, et une orpheline de six mois, Marie-Jeanne, qui sera surnommée Mahaut.
Le mystère
Le docteur interroge les domestiques. Le cuisinier manquant de farine, pour lier sa sauce, utilisa le contenu d’une boite en fer blanc rangée dans la cuisine. Il s’avère qu’il s’agit non pas de farine mais d’arsenic acheté quelques mois plus tôt par le valet de chambre chez le pharmacien de Sully, pour lutter contre les rats présents dans certaines salles du château…
Les rats infestaient-ils aussi la cuisine pour que cet arsenic y soit stocké ? Une enquête est ouverte par le parquet de Gien. Le cuisinier, le valet de chambre et sa femme sont poursuivis pour homicide par imprudence. En effet, un fait troublant joue contre eux : les restes d’arsenic et de vol-au-vent empoisonné furent jetés dans les douves.
S’agit-il d’un accident ou d’un empoisonnement réel, c’est-à-dire d’un crime ?
Si crime il y a, à qui profite-il ? Finalement à peu de monde car le châtelain était apparemment unanimement apprécié de tous. Dans l’état actuel des connaissances, le mystère reste entier.
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Mathieu Girault