Orléans vibre au rythme de West Side Story

« On reprend. On passe à 134… » Les répétitions battent leur plein au Zénith, sous la baguette de Clément Joubert, chef d'orchestre et directeur artistique. La première représentation a lieu le soir même, l’association La Fabrique Opéra Val de Loire ayant pris la décision d’ouvrir le pré-filage aux scolaires (alors même que le filage, le lendemain, leur est déjà réservé).

C’est dire l’engouement que suscite West Side Story, la septième production de La Fabrique Opéra Val de Loire. Après La Traviata en 2021, l’association a fait un choix radicalement décalé en montant l’œuvre de Leonard Bernstein, Arthur Laurents, Jerome Robbins et Stephen Sondheim. Comédie musicale, opéra chorégraphique, comédie, drame, très enjoué, très daté, très contemporain, musique savante, musique populaire, jazz, musique cubaine… West Side Story est un savant mélange de tout cela. « C’est une œuvre qu’on rêve de toucher, de travailler, de sentir, de vivre de l’intérieur, commente Clément Joubert. Mais c’est aussi un monument, qu’on n’ose approcher, tant il paraît inaccessible. C’est un chef d’œuvre comme je les aime : d’une simplicité complexe aboutie. Chacun peut y voir et comprendre ce qu’il est prêt à recevoir. »

Une histoire universelle qui a conquis le monde

Tout le monde ou presque connaît West Side Story, œuvre de tous les records ouvertement adaptée de Roméo et Juliette. Tout le monde connaît en tout cas le film de Robert Wise et Jerome Robbins, avec Natalie Wood, réalisé en 1961. Un peu moins peut-être le drame lyrique dont il est tiré… Créé quatre ans plus tôt à Broadway où le spectacle a tenu l’affiche durant pas moins de 732 représentations, West Side Story a ensuite très vite conquis le monde et traversé les années grâce à la musique à la fois savante, rythmée et populaire de Bernstein (Maria, America, Somewhere, Tonight, I feel pretty…), à cette histoire universelle qui a fait ses preuves depuis Shakespeare et, bien sûr, à la danse !

C’est cette histoire universelle que la Fabrique Opéra Val de Loire s’est donnée pour mission de raconter, fidèle à son ambition de démocratiser l’opéra et, plus largement, la comédie musicale.

Mélanie Potau

Le Mur d’Orléans s’habille aux couleurs de West Side Story

À l’occasion de sa 39e fresque, le Mur d’Orléans, la Fabrique opéra Val de Loire et le cinéma les Carmes collaborent autour de la comédie musicale West Side Story. C’est l’artiste Williann qui, à grand renfort de bombes de peinture, a dévoilé sa libre interprétation de l’œuvre.

« J’ai commencé ce matin », expliquait Williann vendredi après-midi sous l’œil intéressé de quelques badauds qui s’arrêtaient pour discuter, prendre quelques photos ou simplement admirer le travail de l’artiste. Williann a peint aussi samedi toute la journée. Son challenge : avoir terminé samedi soir. Pari tenu !

« J’ai regardé West Side Story récemment. J’ai beaucoup aimé. J’utilise des couleurs dans ma fresque que l’on retrouve dans le film : le rouge, le bleu… J’ai peint, au centre, deux amoureux, qui ont chacun des morsures dues aux deux gangs rivaux : les Sharks (requins) et les Jets. Mais, on peut faire une autre lecture de mon travail : les avions et même les requins ; l’amour ; les blessures ; la guerre en Ukraine. »

L’univers de Williann, c’est le cartoon des années 20, les vieilles réclames, l’iconographie des tatouages « car ça parle à tout le monde ». Si son style est en perpétuelle évolution, les pin up représentent sa base, « un exemple d’émancipation ». Cette Alsacienne possède un diplôme de graphisme publicitaire qui lui a permis d’apprendre les logiciels de PAO. « Maintenant, je dessine à main levée ou à l’aide d’un logiciel, suivant le travail que je réalise. »

Aujourd’hui, l’artiste vit de sa production, peignant des fresques, là, dans une chambre d’hôtel, ici, dans un cabinet d’orthodontie, dans la rue aussi (« il y a tellement de surfaces ! ») ou sur des toiles (en hiver, pour ne pas sentir les morsures du froid !), en France mais aussi à l’international (Cambodge, Pays-Bas…). Son rêve : une façade monumentale. Williann a déjà réalisé, à l’acrylique, au pinceau et rouleau, une fresque de 18 mètres par 8 mètres 50, lors d’un festival en Croatie.

« Orléans est mon sixième Mur*. J’ai déjà fait ceux de Colmar, Bourges, Mulhouse, Épinal, Vesoul et dans deux mois, ce sera à Poitiers. J’y suis toujours très bien accueillie ! Et peindre dans la rue, c’est prendre un peu les passants en otage pour provoquer chez eux des émotions. »

Édith Combe

*Le Mur (modulable, urbain et réactif) est une association française fondée en 2003 qui promeut les arts contemporain et urbain.