Ostéoporose : une innovation majeure

01 août 2018

Le CNRS* d’Orléans et l’université de Nantes ont mis au point un biomatériau révolutionnaire dans le traitement préventif de l’ostéoporose. Des études sont en cours pour une mise sur le marché d’ici quatre à cinq ans.

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Elle est deux à trois fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme. En France, quelque trois millions de femmes ménopausées sont touchées. Mais ce n’est pas tout ! Chaque année, elle est responsable de 130 000 fractures, notamment chez les personnes âgées. Des chiffres loin d’être neutres d’autant qu’« avec l'allongement de l'espérance de vie, l'ostéoporose devient un véritable problème de santé publique », souligne Franck Fayon, directeur de recherche au CNRS d’Orléans chargé de la caractérisation des biomatériaux. Il travaille, avec une équipe, depuis une dizaine d’années sur la vectorisation de principes actifs, c’est-à-dire d’agents anti-ostéoporotiques pour le traitement de l’ostéoporose ou anti-cancéreux pour la médication de cancers osseux, un projet innovant.

Alors qu’aujourd’hui le traitement se fait par voie orale, moins de 5 % des principes actifs agissent directement sur la cible. Aussi, « pour traiter des pathologies lourdes, les scientifiques cherchent à réduire les médicaments en utilisant la vectorisation des médicaments permettant d’agir ponctuellement là où le corps en a besoin », explique Franck Fayon. Et pour guider le médicament, l’équipe a choisi de la chirurgie préventive : « avant d’avoir une fracture ou de subir une chirurgie lourde, on comblera l’os en injectant un ciment biocompatible et biorésorbable. »

Un smart ciment

Une solution développée avec le Ceisam** de l’université de Nantes. Le challenge ? « Créer un biomatériau intelligent qui possède la composition chimique de l’os, libère le médicament – le principe actif (bisphophonate) – quand les cellules en ont besoin. Il peut être injecté par un chirurgien, et prend, à 37 °C in vivo, en un temps très court, pour que le patient remarche une heure après. » Une vraie révolution ! La part du CNRS d’Orléans a tenu dans la compréhension des interactions entre les principes actifs et les biomatériaux.

En attendant la mise sur le marché d’ici cinq ans de ce biomatériau, la société Graftys et l’université de Nantes ont lancé une étude chimique sur l’homme. Reste à étudier le vieillissement des biomatériaux : « Combien de temps peut-on garder ce ciment, comment va-t-il se comporter en vieillissant ? », se demande Franck Fayon. Si l’une des principales cibles est aujourd’hui le col du fémur, la reconstruction du rachis suscite, elle aussi, des réflexions chez les chercheurs. « Nous travaillons sur le développement d’un nouveau ciment avec un médicament intégré qui possède les mêmes propriétés mécaniques adaptées à la colonne vertébrale mais qui ne fragilise pas les vertèbres. Car aujourd’hui, c’est le plexiglass qui est utilisé. »

*CNRS : Centre national de la recherche scientifique

Laboratoire Ceisam : Chimie et interdisciplinarité, synthèse, analyse, modélisation

 

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