Renaud Capuçon et Michel Dalberto en parfaite harmonie

« J’ai commencé mon apprentissage du piano à trois ans et demi », m’apprend Michel Dalberto que j’ai interviewé à l’issue de la répétition. Nous nous installons sur la place devant l’église de Saint-Denis-en-Val où se tient le concert. « Mes parents m’avaient offert un piano jouet et depuis je n’ai pas arrêté ! » Celui mis à sa disposition aujourd’hui semble le ravir. « Commencer jeune permet d’apprendre plus rapidement à maîtriser la coordination des deux mains, à les rendre indépendantes ainsi que les pédales. Cela facilite également le travail de réflexion et d’interprétation qui prend toute une vie ! »

Tandis qu’il joue, il chantonne… mais « je ne suis pas le seul pianiste à le faire. On s’est rendu compte que certains le faisaient grâce aux enregistrements digitaux beaucoup plus fins… alors on les entendait ! »

Schubert étant son auteur de prédilection, il ne résiste pas lorsque le directeur artistique des disques Devon lui propose, en 1987, lors d’une tournée au Japon, d’enregistrer l’intégrale des œuvres pour piano de ce compositeur. « Nous ne savions pas combien de disques nous allions produire au début de cette aventure… Il y en a treize, enregistrés en dix ans ! Pour chaque CD, j’ai choisi une sonate connue, une ou deux œuvres inachevées ou peu connues et un groupe de danses. »

Qu’est-ce qu’un bon musicien pour lui ? « Quelqu’un qui est capable de faire preuve d’une très grande humilité, car ce n’est pas nous qui avons écrit les œuvres que nous jouons et que les compositeurs sont au-dessus, et d’une grande prétention, car il faut l’être pour jouer devant cinq cents personnes ! »

Renaud Capuçon

Après le concert de 17 heures, Renaud Capuçon, malgré la fatigue (entre le concert et la répétition, il a déjà joué deux fois), nous accorde quelques minutes. Le violon, « je l’ai commencé à quatre ans. Mes parents étaient mélomanes mais pas musiciens. Ensuite, j’ai continué car cet instrument me plaît. » Même si la rumeur dit que l’artiste dort à côté de son instrument, il dément et précise : « Je n’aime pas quand il est loin de moi ! » Pour preuve, lorsqu'il dédicace ses CD, sa valise au précieux contenu est à côté de lui. Précieux violon car c’est un Guarneri Del Gesu Panette de 1737, qui a appartenu, pendant cinquante ans, à Isaak Stern !

Pour le musicien : « Elle sonne bien cette église, franchement ! » Il rajoute que « le public de ce premier concert était composé de connaisseurs, attentifs et pas blasés qui viennent pour le plaisir. Cette idée de jouer à 17 heures est très bonne : il y avait plein d’enfants ! » Il est donc ravi de jouer ici.

« Maintenant, avant le second concert, je vais faire retomber la pression pour pouvoir me donner à nouveau. Parce que nous nous donnons, je ne sais pas si cela se voit ? » Je le lui confirme. Une photo. Il me serre la main avant de se diriger vers la sortie, laissant la place à l’accordeur de piano.

Ce fut un très beau concert qui a enchanté le public, enfants comme adultes.
Mention spéciale pour le producteur, Jérôme, qui officie également comme tourneur de pages et reste concentré tout le concert afin de libérer les mains de Michel Dalberto. Producteur qui m'apprend que le public du festival de Sully a eu le privilège d'assister, ce soir, en avant-première, à ce programme qui sera joué aux Rencontres musicales d'Évian, début juillet. Quelle chance ! De plus, les musiciens nous ont accordé un rappel qui n’était pas prévu !

 

Édith Combe

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