Sainte Jeanne d’Arc a cent ans

12 novembre 2020

Jeanne d’Arc est venue plusieurs fois au château de Sully-sur-Loire au cours de son épopée. L’année 2020 constitue le centenaire de sa canonisation. Cet événement est l’aboutissement d’une longue procédure qui ne fut pas exempte de plusieurs difficultés.

Les difficultés de la canonisation

Le 8 mai 1869, l’évêque d’Orléans Mgr Dupanloup prononce un discours dans lequel il voit en Jeanne une sainte. Une demande est faite auprès du Saint-Siège pour lancer une procédure de canonisation. Cette requête est accueillie avec une certaine circonspection. La chose s’avère difficile car, par définition, tous les témoins ont disparu. La sainteté ne va pas de soi pour une femme du Moyen Âge devenue une combattante. Jeanne a été condamnée par un tribunal ecclésiastique, la canoniser revient pour l’Église à reconnaître sa faute passée.

De plus, l’Église ne tient guère à s’immiscer dans les querelles internes à la société française, chaque camp voulant s’approprier la figure de Jeanne, de la droite catholique à la gauche anticléricale. Les relations entre la République française le Saint-Siège sont fluctuantes : bonnes vers 1892 (ralliement des catholiques à la République), tendues vers 1905 (séparation des Églises et de l’État).

Les étapes d’une longue procédure

La procédure proprement dite commence en 1874 et prend la forme de plusieurs procès diocésains successifs. On examine les documents d’époque, les différentes études historiques et on recueille les dépositions des historiens vivants, en prenant soin d’écarter les plus républicains, comme Michelet. C’est un labeur énorme : deux-cent-quatre-vingts séances de travail ont lieu dans la seule ville d’Orléans ! Cette masse d’informations est ensuite envoyée à Rome, où elles sont remises en forme et traduites en italien. De tout ce travail émerge l’image d’une Jeanne conforme aux attentes de l’Église, c’est-à-dire une jeune fille douce, obéissante et bonne chrétienne.

En 1894 Jeanne est déclarée vénérable. L’examen de ses vertus conduit à sa béatification en 1909. Enfin, des miracles lui sont associés. La canonisation, retardée d’abord par la guerre, a lieu le 16 mai 1920. Peu après, en juin, est votée une loi instituant la fête nationale de Jeanne d’Arc, fête patriotique célébrée le 2e dimanche de mai. Ainsi, cette canonisation concourt à réconcilier les Français autour de la figure de Jeanne, à la fois sainte catholique et héroïne officielle de la nation. Paradoxalement, son image connaîtra ensuite un certain déclin.

Mathieu Girault

Revenir en haut de page