Témoins d’une période de confinement

02 avril 2020

Dans le cadre de la lutte contre le covid-19, le confinement a été instauré. Pour supporter au mieux cette situation inédite, chacun essaie de trouver des dérivatifs. Certains regardent des séries, des films, lisent, cuisinent, téléphonent à leurs amis, dessinent… D’autres font du sport dans un rayon de 1 kilomètre autour de chez eux ou devant des vidéos en ligne… Et les sportifs professionnels ou semi-professionnels continuent leur entraînement contre vents et marées. Témoignages.

Les sportifs confinés interrogés s’accordent pour dire qu’il faut garder certains repères : les heures du lever ; du coucher ; des repas. De plus, le fait de se fixer des buts rend le confinement plus supportable. Ces Loirétains vous livrent ici leur expérience : Brice Daubord, triathlète professionnel ; Quentin Burelle, joueur au RCO ; Nordine Attab, coach et chroniqueur sur la 5 au Magazine de la santé et Yves, ancien militaire.

Brice Daubord, triathlète

« En ce moment, ce serait plutôt Une journée en enfer ou Piège de cristal ! Pour positiver, je dirais qu’on a la chance d’avoir du soleil ! », ainsi parle Brice Daubord, thriathlète loirétain de renom. Pour lui, le plus difficile, c’est « la piscine fermée ! L’an dernier, je me suis cassé la main. Je n’ai pas nagé pendant treize semaines. Juste avant le confinement, j’étais parvenu à rattraper mes performances, alors c'est mon gros point d'inquiétude… »

Comment s’entraîne-t-il ?

Les voisins de Brice peuvent le voir faire du home trainer « une à deux heures quotidiennement, sans plaisir, mais sans douleur » sur son balcon « orienté sud ! » Et si les Orléanais regardent par leur fenêtre, ils peuvent l’apercevoir courir dans les rues. « Une heure par jour dans un rayon de un kilomètre autour de chez moi ! » Il a commandé un tapis de course. « Ainsi, je courrai une heure à l’extérieur que je complèterai par six à huit kilomètres sur le tapis pour atteindre mon quota ! » Et ce n’est pas tout ! Il fait en plus une séance de préparation physique du lundi au samedi ! Après une telle dépense physique, on comprend que Brice a besoin de dix heures de sommeil !

Cette période « c’est comme lorsqu'on se blesse ! Tout sportif connaît ça ! Mais ma vie sociale et mes copains me manquent ! »

Sa motivation

« J’ai bientôt trente-cinq ans. Si je ne m’entraîne pas, je ne garderai pas mon niveau actuel qui me permet de battre des coureurs qui ont dix ans de moins que moi ! » Il s’entraîne tous les jours… sauf le dimanche. Réussir à se maintenir à niveau signifie, qu’après le confinement, il remportera à nouveau des courses et donc de l’argent. Là, toutes les compétitions étant stoppées, Brice a prévu de travailler en intérim avant de repartir courir le monde, affronter les autres triathlètes… et gagner !

L’assiette du champion

« L’hiver dernier, j’ai fait un petit régime, pas pour perdre du poids, mais pour récupérer mieux. Je mangeais plus de fruits et de légumes et je buvais beaucoup d’eau. Je n’ai pas été malade et pas de coup de fatigue non plus ! Et en ce moment, j’évite le sucre. Sauf la semaine dernière, j’ai acheté des céréales de gamins : des miel pops ! Cette semaine, je suis redevenu sérieux, je m’éloigne des confiseries ! », plaisante-t-il.

Quentin Burelle, rugbyman au RCO

Sportifs confinés - Quentin Burelle joueur RCO faisant du gainage

Quentin Burelle, vingt-cinq ans, est joueur sénior en fédéral 2 et chargé de marketing, communication au RCO.

Il est confiné et s’entraîne quotidiennement. Comme tous les joueurs du RCO, il suit un programme. Lui n’a pas de matériel alors, le matin, avant le petit-déjeuner, il fait une séance de 25 minutes de cardio et en fin de journée, une demi-heure de gainage, squats, pompes… du renfort musculaire. Son secret pour rester motivé ? Il fait ses séances avec ses sœurs. Ensemble mais chacun son programme !

Par ailleurs, Quentin, suite au confinement et à l’arrêt complet des matches, est au chômage partiel. Il gère les réseaux sociaux du RCO et publie des séances de sport pour débutant, intermédiaire et expert qui consistent en un enchaînement d’exercices. La compétition est lancée : à vos chronomètres ! Communiquez vos temps sur le Facebook du RCO et gardez la forme !

Il profite du temps qui lui reste pour lire, aller dans son jardin, téléphoner à ses amis et cuisiner en famille. Le plus important pour lui : avoir des activités communes.

Nordine Attab, coach sportif et optimiste dans l’âme

Pour Nordine, l’essentiel c’est de bouger !

Il vit avec sa fille une semaine sur deux. La semaine où il est seul, il se concocte un programme. Jour 1 : vélo d’appartement et rameur. Jour 2 : renfort musculaire. Jour 3 : circuit cardio. Il varie les plaisirs pour ne pas se lasser. « Le confinement ne doit pas être au début sportivement aussi intense qu’un feu de camp pour se transformer en cendres, mais un feu doux continu. L’essentiel est de se faire plaisir sans se blesser pour ne pas engorger les hôpitaux, déjà surchargés. »

Lorsque sa fille de neuf ans est là, ils jouent beaucoup. Il est alors en mode papa, animateur et enfant. Sur la terrasse, ils ont tracé une marelle et sautent à la corde. Sa fille aime énormément les jeux de société : celui qui perd a un gage, par exemple rester un certain temps en équilibre sur un pied… En plus d’être ludiques, toutes ces activités partagées avec son enfant renforcent leurs liens. « C’est un point positif du confinement ! »

Trucs et astuces de Nordine

Pour bouger point besoin d’être sportif. Chaque mouvement représente une brique qui finalement constituera un mur ou son taux d’activité quotidienne.

Pour le coach loirétain, faire le ménage permet de dépenser des calories et de faire marcher ses articulations : en faisant les carreaux, on sollicite ses épaules ; en passant la serpillère on gaine !

« L’autre point positif du confinement c’est qu’on téléphone beaucoup plus que d’habitude à ses proches, là cela fait 13 minutes que nous parlons tandis que j’arpente mon couloir ! Mais vous pouvez aussi faire la chaise contre le mur. »

La société est très dure avec l’image de soi. « C’est très écrasant pour les non-sportifs. Chacun a son physique. Bouger, c’est ramener de l’oxygène et du plaisir. Dans beaucoup de vidéos, je propose des exercices ludiques qui permettent de bouger tous les jours et d’être régulier ! »

Grâce à sa chronique sur France 5, dans le Magazine de la santé, Nordine cogne à la porte de chacun, y compris des personnes très isolées, « car on ne vit pas tous le même confinement ».

Yves, une expérience hors du commun

Témoins d'un confinement - Iles Kerguelen carte

En 1987, pour assurer ses missions professionnelles, Yves, alors militaire de carrière, s’est exilé treize mois dans les îles Kerguelen, ces terres australes autrefois surnommées îles de la désolation…

Même si sur le papier partir au bout du monde n’était pas synonyme d’amusement, Yves ne regrette pas cette expérience, riche d’enseignements.

Avant le départ, il a subi des tests psychologiques poussés afin de vérifier qu’il supporterait l’éloignement et l’isolement. Éloignement d’avec sa famille : à l’époque, point de téléphone portable, point d’internet… juste dix minutes de communication téléphonique payante hebdomadaire avec ses proches.

Le quotidien

Yves est arrivé en été. Ils étaient quatre-vingts militaires et scientifiques (ornithologues, biologistes marins…), tous volontaires à l’exil, à travailler sur ce site aussi bien organisé qu‘une fourmilière, avec cuisinier et boulanger ! À part de très rares navires (quatre par an), qui apportaient ravitaillement et courrier, aucun moyen de quitter les îles.

Le quotidien n’était pas toujours facile. En effet, lorsque quelqu’un apprenait une mauvaise nouvelle, comme la maladie grave ou le décès d’un proche, il lui était impossible de rentrer immédiatement. Les autres l’entouraient plus. Même chose lorsqu’un autre ne supportait plus l’isolement.

« Il fallait aussi être attentif aux tensions parce que le confinement de quatre-vingts hommes conduit parfois à des heurts. » Pour décompresser, la base était bien équipée : « On disposait d’une bibliothèque, d’un cinéma, de flippers, baby foot et jeux de société, d’une salle de musculation. Et on se promenait, faisait son jogging, pêchait des truites et des saumons, chassait… »

Yves est rentré en ayant gagné en adaptabilité et en ayant appris à relativiser.

Gageons que tous les confinés du monde en tirent des enseignements ou une sagesse !

Édith Combe

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