Un Loirétain pour déplacer des montagnes à la Coupe du monde de VTT de descente

25 mars 2022

Baptiste Jalladeau, Gergolien de 17 ans, vient de dévaler les premières pistes abruptes des Pyrénées pour la Coupe du monde de VTT de descente. Un chemin semé d’embûches…

Qu’importent les bâtons dans ses roues ! Parmi les plus jeunes de sa catégorie ? Avec moins d’entraînement ? Avec du diabète ? Au diable les turbulences sur son chemin ! À 17 ans, Baptiste Jalladeau excelle dans le VTT de descente (DH), quitte même à concourir à la Coupe du monde. « On est loin de l’autoroute ! Debout sur les pédales, on esquive les pierres, les racines, les arbres et fonce dans les virages serrés et les sauts de 15 mètres, décrit-il. Le tout sur un sentier exigu de trois kilomètres et d’un dénivelé de 500 mètres à 70 km/h pour arriver aux alentours des trois minutes du chronomètre. » Ce 26 mars, le jeune pilote s'en est tenu à la qualification de la première course à Lourdes dans les Pyrénées parmi les meilleurs pilotes juniors (17-18 ans) de la planète. Pas de quoi dérailler, il en garde sous la pédale pour les sept autres électrices du vainqueur de la Coupe du monde. En Écosse en mai, puis en Autriche, en Suisse ou encore en Italie début septembre.

Naturellement, le VTT de descente se pratique l’été sur les stations de ski, une fois la montagne déshabillée de son manteau blanc. Là, en Savoie, Baptiste découvre la discipline durant ses vacances 2018. Déjà alléché par des vidéos et son passé de motocrosseur, jamais la saveur de l’adrénaline ne s’est affadie en lui depuis. Le tout frais pilote se lance alors corps, littéralement, et âme dans la compétition. Et quelle entrée en matière ! Sa première saison en 2019 se couronne de six podiums sur sept courses dont le titre de champion de Savoie que le Loirétain reconquiert en 2020 et 2021. Cette saison dernière signe bel et bien la chute de son statut de novice : quatrième au classement général de la coupe de France en cadet, huitième au championnat de France, septième à la coupe d’Europe Maribor en Slovénie et 17ème au Championnat d’Europe Maribor. Inconcevable ainsi de passer sous le radar de la Fédération Française de Cyclisme. En janvier 2022, elle intègre Baptiste à sa liste de sportifs espoirs. Son club savoyard Les Arcs à Bourg-Saint-Maurice, lui, à son équipe UCI pour l’envoyer à la Coupe du monde du 27 mars 2022 à Lourdes.

« Le chrono se joue en quelques secondes, en une erreur dans un virage, raconte le jeune pilote. On descend alors le sentier à pied pendant deux heures pour en imprimer les trajectoires dans son esprit. Plus difficile qu’en course automobile, les obstacles bougent sous les roues des concurrents précédents, le sol sous les caprices humides de la météo et on manque de repères seul sur la piste. » Pendant ce temps, le corps, lui, encaisse. « Des chocs extrêmement violents » secouent les avant-bras, les épaules ou encore les chevilles pourvu que, sur la bécane, ils demeurent tant bien que mal. Le mal, justement, l’apanage des guerriers à deux roues, Baptiste s’en remémore un particulièrement. « Enfin, pas vraiment, mon traumatisme crânien ne m’a laissé aucun souvenir… Je sais seulement que j’ai chuté dans les cailloux alors qu'on ne voyait pas à dix mètres à cause d’une brume épaisse. Sinon, je compte plusieurs épaules déboîtées, en attendant une opération en septembre, et une entorse du poignet. » Le dernier coup du sort, un diabète de type 1 (insuffisance d’insuline), l’oblige à surveiller une glycémie en dent de scie déréglée par l'altitude, la fatigue et le stress de la compétition.

Finalement, la passion l’emporte. Bien au-delà même des kilomètres. Ici, sur sa terre de Jargeau, Baptiste renforce ses muscles à défaut de ne pouvoir compter sur la topographie loirétaine. Quand ses concurrents profitent de leur proximité avec la montagne, voire cessent leur scolarité pour la dévaler davantage, le lycéen se rend deux fois par mois maximum sur des spots d’entraînement. À Fontainebleau, en Auvergne, à Nice ou Beaulieu-sur-Mer, en plus de l’annuelle douzaine de courses, grâce à l’accompagnement paternel. Un père qui ne se contente pas de conduire, mais qui porte aussi la casquette d'agent, de fan et de donateur du péché mignon du fiston. Hormis les Coupes du monde, Baptiste disputera les Coupes de France, éventuellement le championnat du monde, mais également le championnat de France à la fin de la saison en septembre à Les Orres (Hautes-Alpes).

 

 

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