Les Portes ouvertes des ateliers d’artistes et artisans d’art du Loiret 2023

Les 14 et 15 octobre 2023, le Département du Loiret, en partenariat avec la Chambre de Métiers et de l'Artisanat Centre-Val de Loire, organise la 18e édition des Portes ouvertes des ateliers d'artistes et artisans d'art loirétains, évènement qui se déploie dans tout le Loiret. Pour de riches rencontres et d'heureux moments de découverte et d'émotion au cœur du Loiret, territoire de création.

Découvrez tous les ateliers d'artistes ouverts pour cet événement

Portraits d'artistes

Zoom sur Myriam Berry-Hoornaert, styliste, costumière et couturière d’art

18 ans : le bel âge des Portes ouvertes des ateliers d’artistes et artisans d’art du Loiret

Intarissable sur son métier, Myriam Berry-Hoornaert a vécu mille vies dans mille lieux ! 

Elle qui est née en Belgique devient danseuse à l’académie des ballets russes d’Anvers. À vingt et un an, responsable costume et danseuse, une tournée la mène des États-Unis, en Scandinavie, en passant par l’Angleterre, l’Espagne. Elle réalise aussi des costumes pour l’Allemagne, le Moyen-Orient. Elle se forme en art thérapie, devient cheffe de service habillage à l’opéra de Bruxelles, travaille dans une maison de couture comme façonnière pour des créateurs célèbres, Dior et Givenchy… et s’installe à son compte comme couturière haut de gamme à Ferrières-en-Gâtinais, puis à Amilly où son atelier a trouvé refuge dans son lumineux grenier. 

Là, cette passionnée coud des costumes de scène pour les compagnies théâtrales et pour des spectacles de reconstitutions historiques. Elle crée des robes de mariée, des costumes de marié, des vêtements de cérémonie… en petite comme en grande taille. Elle donne aussi des cours, pour enfants et adultes. Et elle a encore plein de projets en tête !

Je n’habille pas des corps, mais des personnes ou des personnages !

Sa philosophie ? « Grâce à mon travail, je souhaite mettre l’être à l’honneur. J’entre dans l’univers des gens pour lesquels je crée un habit. J’observe ce que dit leur inconscient et je sens leurs blessures, c’est avec ça que je travaille. Mon objectif ? Faire apparaître ce qui les fait rayonner. Je suis aussi très attachée à mes valeurs, par exemple, j’aime travailler de belles matières, notamment des matières naturelles. Je suis très sensible à la pollution générée par la production de vêtements. Par exemple, trois cents cinquante litres d’eau sont nécessaires pour la fabrication d’un T-shirt en coton non biologique. Il faut savoir reconnaître les tissus, c’est ce que je m’efforce d’enseigner dans mes cours. »

Myriam sera avec d’autres artisans d’art à l’abbaye de Ferrières-en-Gâtinais, les 14 et 15 octobre. Une belle rencontre en perspective, assurément !
 

Édith Combe

Florence Carly, conservatrice restauratrice d’œuvres d’art à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin

Portes ouvertes ateliers des artistes - zoom sur Florence Carly 1 devant la toile de La demoiselle

Florence Carly devant la toile qu'elle surnomme La demoiselle qu'elle restaure

« Je suis conservatrice restauratrice. D’une part, je stoppe les altérations sur les œuvres, sans les rendre plus belles. Ça, c’est la conservation. D’autre part, la restauration s’intéresse à l’esthétisme », explique Florence Carly, installée à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. Professionnelle depuis quatorze ans, elle est spécialiste des peintures sur chevalet et sculptures en bois.

Lorsqu’on arrive chez elle, Florence Carly nous accueille accompagnée de son barbet « mon meilleur système d’alarme », plaisante-t-elle ! En entrant dans son atelier, la lumière qui baigne les lieux nous impressionne. Deux grandes tables où reposent deux toiles majestueuses et des chevalets sur lesquels sont posés des tableaux agrémentent la pièce.

Les tactiques de la conservatrice restauratrice

« J’ai obtenu mon diplôme en 2006. Dans le volet pratique, j’ai mis au point une technique de transport des sculptures en toile empesée1, particulièrement fragiles. Depuis deux ans, j’ai élargi ma clientèle aux particuliers.

J’ai parfois des surprises ! Il m’arrive de découvrir, pendant la restauration, que le tableau que m’a confié un client est un faux ! Une fois, un tableau sans grande valeur, si ce n’est sentimentale, en recouvrait un autre d’excellente facture. Son propriétaire a souhaité finalement garder un mix des deux œuvres !

Mon travail est minutieux et composé de différentes étapes. Chaque tableau étant unique, le travail réalisé est différent à chaque fois. D’abord, le nettoyage et le refixage. Suivant l’état de l’œuvre, je débute par l’un ou l’autre. Puis, je retire le vernis jauni, ancien. Ensuite, je repasse une couche de vernis protecteur avant d’appliquer du mastic qui recrée le réseau de craquelures et je retouche les lacunes par les techniques de trattegio2 ou pointillisme. Avec un pistolet, je finalise par une ou deux couches de vernis. Je retends la toile sur un châssis avant ou après toutes ces opérations. Lorsque je repositionne enfin le tableau dans son cadre, je le protège de la poussière en agrafant un tissu au dos du cadre. »

Tournée aussi vers le futur

Tout cela semble complexe mais travailler dans ce contexte artistique doit être particulièrement réjouissant ! D’autant plus que Florence Carly ne se contente pas d’œuvrer pour les particuliers, elle est également sollicitée par des musées, les Monuments historiques, les villes, églises… À chaque fois, c’est un nouveau défi à relever pour cette amoureuse du patrimoine qui utilise les produits les plus respectueux possibles, durables et réversibles !

Florence Carly est entourée de peintures issues du passé, mais elle est bien ancrée dans le présent en étant artiste elle-même et exposant parfois ses propres créations… qui un jour feront peut-être l’objet, dans quelques décennies, d’une restauration pointue et minutieuse !


1 Cette technique de la toile enduite et peinte est mise en œuvre dans un but de réalisme, de légèreté, d’économie de temps ou de moyens, elle simule les drapés des sculptures.
2 Technique de retouche colorée. Les lacunes, ou manques de couche picturale, sont remplies de fines lignes rigoureusement verticales et parallèles.

Édith Combe

Nathalie Peauger, relieuse à Orléans

Portes ouvertes des ateliers d’artistes et artisans d’art du Loiret : 16e édition - Nathalie Peauger relieuse avec carnet feuilles vertes

Nous avons rencontré Nathalie Peauger, artisane d’art, relieuse passionnée à Orléans, qui a déjà participé au Portes ouvertes des ateliers des artistes et artisans d’art.

« Je me suis installée ici, dans ce lieu de travail partagé, en 2015. Cinq personnes y ont leur atelier. Lors des éditions précédentes, nous avons rencontré environ cent-cinquante personnes sur les deux jours. Cette manifestation est très confortable car nous n’avons rien à déménager. Je la prépare en créant des panneaux qui expliquent mon travail », déclare la créatrice de l’écrin des écrits

La jeune femme n’a pas immédiatement trouvé sa voie. Après des études qui la menaient à une impasse, elle s’est accordée « une année de réflexion, puis j’ai repris mes études et ai obtenu mon CAP reliure en 2006. La reliure lie plusieurs choses en moi : la dimension artisanale avec le travail manuel et la création. Au début, j’avais aménagé mon atelier chez moi. Mais mes vies professionnelle et personnelle se mélangeaient trop. J’avais besoin d’un lieu différent. Et ici, il n’y a pas de limite pour la création : l’échange avec les autres débloque parfois une situation, provoque une émulation… » 

Des matériaux hors du commun

Les matériaux utilisés par Nathalie sont divers et variés. Il y a ceux auxquels on s’attend : cartons ; papiers de toutes sortes (marbrés, par exemple) ; tissus ; cuir. Et les autres, plus originaux, car la jeune femme aime le réemploi, « je suis une grande chineuse ! » : le vieux jean de Béatrice plein de peinture, un sac à main en cuir usé d'avoir trop servi auquel elle tenait, du papier fabriqué avec de vieux papiers, des affiches, une feuille laissée sous un arbre plusieurs semaines sur laquelle de la verdure s’est incrustée et des baies ont laissé leurs traces de couleur violette… serviront de couverture à des carnets.

Le travail de cette passionnée est très varié, « c’est ce que j’aime ! » Il y a les reliures classiques de livres. Le but ? Les feuilleter à nouveau et leur rendre un certain lustre avec, par exemple, une nouvelle couverture qui mêle cuir et papier marbré ou des restaurations : « Je récupère tous les éléments et je répare. Ces gestes existent depuis longtemps. » Ses clients sont alors des collectionneurs ou des particuliers qui tiennent particulièrement à un ouvrage, comme ce « livre de cuisine annoté dans les marges par la grand-mère ! ». D’autre part, « mes clients sont aussi des artistes qui publient des ouvrages, à vingt/trente exemplaires, dans lesquels sont insérées gravures ou aquarelles originales. Ils me confient leurs œuvres afin que je fabrique des écrins (boîtes ou étuis). D’autres me demandent des carnets sur-mesure réalisés avec le papier à dessin qu’ils utilisent. Il m’est également arrivé de relier des livres à partir d’un cahier de brouillon écrit à la main ou des récits familiaux, des thèses, de la généalogie familialeC’est ce travail là que je préfère, celui qui parle de la petite histoire ! » 


Édith Combe
 

Mister T, artiste peintre

Aurélien Torres alias Mister T

Mister T et son drôle de regard

Et la pupille devient papilles. Un œil vous tire la langue ! Oui, vous allez forcément goûter toute la saveur des créations d’Aurélien Torres, alias Mister T. Acidulées et colorées comme des bonbons Haribo©, les acryliques traduisent l’appétit de l’artiste orléanais. Folle envie de dévorer la vie avec lui, lui qui vous fera entrer dans son monde en technicolor les 14 et 15 octobre à l'occasion des Portes ouvertes des ateliers d'artistes et d'artisans d'art du Loiret.

Joyeuse étreinte du street art et du cubisme

Pourquoi une langue bleue vient-elle se substituer à l’iris du personnage central ? Bien plus qu’un clin d’œil… « C’est ma marque de fabrique. Une véritable identité, une autre signature que celle apposée au bas du tableau », confie le quadra épris de liberté. Lui qui réussit à marier street art et cubisme refuse de se laisser bâillonner par un style, de se voir cadenassé dans la moindre technique. Pinceau, couteau, spatule, rouleau, pochoir ou spray, l’acrylique aux couleurs flashy se projette au pluriel sur les supports les plus singuliers. « Je peins indifféremment une tôle, une toile, des casques de chantier ou un skateboard... » No limit !

Espoir, amour et liberté…

Mister T revendique des œuvres déstructurées et toujours engagées. « Pour dénoncer l’absurdité de ce monde, de notre quotidien. La peinture constitue, pour moi, une soupape de décompression », lâche celui qui ne sombre pas pour autant dans un pessimisme teinté de noir. Déferlement de fluo avec, en filigrane, des messages d’espoir, d’amour et de liberté. Un vol d’oiseaux bleus aux faux airs de cocottes en papier, des cocotiers, du Dream, du Love qui se love au second plan. Jeux de mots, allusion onirique ou suggestion graphique… Chaque toile claque, éclate. Homme et femme mêlés, deux personnalités fondues en une seule ; Playa del Carmen ou La Bénédiction invite au vagabondage, à l’évasion. Tout comme la belle Andalus qui plante le décor ou plutôt les racines hispaniques d’Aurélien Torres.

Un petit cahier d’écolier

De l’art délire ! L’imaginaire sans bornes passe sans transition de l’esprit fécond à un petit cahier d’écolier avant de s’exprimer au grand jour. « En soirée, souvent, arrive un foisonnement d’idées parfois difficiles à canaliser », confesse l’artiste. Particulièrement sensible aux maux de la planète, il milite, participe à des actions pour la défense de l’environnement. À son échelle, Mister T transforme ses bombes usagées en œuvres. Et son atelier du 7, rue Croix de Malte prend la forme d’un concept-store où Evan propose, lui, des paires de sneakers reconditionnées.

Nul doute que l’enseigne orléanaise L’Éphémère s’installera dans la durée.


Philippe Ramond
 

Carole Melmoux, artiste peintre

Carole Melmoux, peintre

C’est dans son atelier bohème, situé dans le petit village de Montigny où elle est installée depuis deux ans, que Carole Melmoux nous reçoit. Toute petite déjà, Carole était attirée par l’art. Ses parents l’inscrivent à l’atelier de peinture de Philippe Lejeune, un ancien disciple de Maurice Denis. « Je viens de cette lignée-là. Gravure, peinture, pastel, gouache… J’ai touché à toutes les techniques. Je voyais les adultes peindre et je crois que ça m’a beaucoup impressionnée. La peinture, ça n’était donc pas qu’un jeu. Et j’ai compris que c’était quelque chose de sérieux. C’est ainsi que la petite graine a été semée en moi ! » Une petite graine qui donnera naissance à une vocation.

Retranscrire le mouvement

En parallèle, Carole pratique la danse classique et entre au Conservatoire de Paris puis fait un master de littérature à La Sorbonne. « J’ai mis la peinture entre parenthèses pendant cette période mais la danse, le ballet, la musique, la littérature, la poésie m’ont nourrie et ont, par la suite, encore plus nourri ma peinture. Je travaille sur des choses inspirées du réel, de souvenirs mais aussi sur des choses plus imaginatives. Mes tableaux sont assez rythmés. Le mouvement, témoignage de mon passé de danseuse, et les lumières m’inspirent, j’aime aussi les lignes, l’architecture, le graphisme. On pourrait même dire la symétrie. C’est sans doute pour cela que j’aime peindre des scènes chaotiques auxquelles j’essaie de redonner un certain ordre. » La présence de l’eau est assez marquée dans le travail de Carole, notamment de l’océan comme en témoigne une série de tableaux sur Belle-Île et l’île d’Yeu. « J’apprécie particulièrement de peindre la nature mais aussi les vues urbaines. Et c’est encore mieux quand les deux se conjuguent, se confondent. »

Carole ouvrira les portes de son joli atelier et fera découvrir son (ses) univers samedi 14 et dimanche 15 octobre, de 14 à 19 h. « C’est bien qu’un événement comme les Portes ouvertes des ateliers d’artistes et artisans d’art du Loiret existe. Cela permet aux gens de voir la richesse culturelle du Loiret. »

9 rue du château d’eau à Montigny

Site internet : https://carolemelmoux.fr

Mélanie Potau
 

Gabriel Émard, céramiste

C’est parce qu’il voulait « faire quelque chose de [s]es mains, avoir l’impression de maîtriser toutes les étapes de A à Z » que l’ancien architecte de 31 ans a commencé la céramique en 2019, après dix ans passés « derrière un ordinateur ».

Le déclic, il l’a quand une amie architecte ouvre son atelier de céramiste à Vierzon. Il décide de démissionner de son poste d’architecte et part se former avec Emmanuelle Bideau, à Royat, en Auvergne. Avec elle, il découvre le travail de Jean-Jacques Gentil, un céramiste installé en Haute-Loire, qui, depuis 40 ans, étudie et travaille la sigillée. « La sigillée est une engobe de terre (liquide) que l’on applique en fine couche sur les céramiques pour les vitrifier. Les couleurs qu’il obtenait étaient incroyables. Des rouges, des orangés, des verts, des bleus, des roses… Je suis reparti de son atelier avec des idées plein la tête. » Et surtout avec l’envie encore plus forte de vivre de sa passion.

Des nuances étonnantes pour des pièces uniques

Gabriel s’installe et teste. Se teste. « J’avais besoin de tourner tout seul pour expérimenter des choses et me faire la main. Tester les différents modes de cuisson, tester les différentes terres. Tester ce que j’avais appris, ce que j’avais lu et entendu et ce que j’avais envie d’essayer. »

D’autant que si la nature de la sigillée peut créer bien des nuances, le mode de cuisson (four électrique, au gaz, au bois) et les ajouts dans le four (foin, sable, bûches de différentes essences dans le four à bois) sont à l’origine de résultats étonnants !

Gabriel tourne ses pièces. Les polit à l’agate (parce que, pour l’instant, il « n’a pas trouvé mieux »). Quarante-cinq minutes sur une face et quarante-cinq minutes sur l’autre. Alterne cuisson électrique et cuisson au bois. Surveille et alimente son four pendant sept à huit d’heures d’affilée. « Les pièces que je produis sont uniques. Je n’aime pas travailler des séries. Je vois un peu mes créations comme des œuvres d’art. Des objets juste beaux même s’ils n’ont pas de fonctions définies. Je trouve ça incroyable de se dire qu’à la base, c’est juste de la terre que l’on est allé ramasser. Il y a une espèce d’excitation à l’ouverture du four (j’ai d’ailleurs du mal à attendre plus de 30 minutes) : il y a toujours de belles surprises, des résultats que l’on n’attendait pas. »

Gabriel Émard participera, pour la quatrième année consécutive, aux portes ouvertes des ateliers d’artistes et d’artisans du Loiret. « Pour partager ma passion et aussi parce que j’aime bien discuter avec les gens », précise le jeune homme.

Venez le rencontrer au 8 rue de la Madeleine, à Saint-Jean-de-la-Ruelle.

Site internet : www.gabrielemard.com

Mélanie Potau
 

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