Gel : comment se préparent les agriculteurs dans le Loiret ?
La météo annonce l’arrivée de la neige et du gel dans le Loiret. Comme l’année dernière, les agriculteurs se doivent de protéger les bourgeons déjà sortis avec la douceur printanière.
Vers une saison 2 de mauvais goût ? En cette aurore printanière, ce week-end des 2 et 3 avril, Météo France pronostique des gelées nocturnes dans le Loiret, à peu s’en faut un an après le premier désastre agricole de 2021. Souvenez-vous en, même réveil de bourgeons avec une agréable douceur suivi d’un gel briseur d’élan et de vie florale. Résultat : 80 % de cerises perdues dans certaines cultures loirétaines, idem pour la betterave ou sur les terres d’arboriculture. Cette fois-ci, on attend une masse d’air tout droit venue du cercle polaire arctique et des températures avoisinant les -3 degrés la nuit, ce après un potentiel épisode neigeux ce vendredi. Cependant, la baisse fatale du mercure ne rime pas forcément avec létale pour les agriculteurs.
« J’ai déjà préparé des amas de bois morts pour y mettre le feu et réchauffer l’atmosphère, commence par énumérer Thierry Lescure, cultivateur de 35 hectares de poires et 18 de cerises entre Bray-Saint-Aignan et Cléry-Saint-André. Sinon, j’installerai des bougies entre les arbres, comme des petits braseros remplis de paraffine, en fonction de la tombée, ou non de la neige. Me restent encore des ventilateurs de plusieurs mètres de haut de ma fabrication que je brancherai à mes tracteurs ou encore des arroseurs automatiques tous les 18 mètres. » Le premier système, lui, soufflera l’air d’altitude relativement plus chaud vers les bourgeons au sol. Le second, s’il paraît paradoxal, repose sur le passage à l’état solide de l’eau, libérateur de calories qui réchauffent le fruit précoce et l’empêchent donc de geler. Malgré tout, Thierry Lescure veillera au grain toutes les nuits périlleuses d’ici que n’arrivent les Saints de glace le 11 mai. L’année dernière, avec les -8 degrés au mercure, l’agriculteur a perdu l’intégralité de ses cerises et les deux tiers de ses poires.
Face au gel, des impuissants et des épargnés
Peggy Lisart, elle, a la voix haletante. Dans son verger de Fleury de dix hectares à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, la jeune arboricultrice implante ses préparatifs. « J’installe des bougies et un arrosage antigel sur deux hectares, détaille-t-elle à la hâte. L’année dernière, j’ai tout perdu, mes cerises, pêches, pommes, poires et prunes. Même si l’État soutient nos finances avec ses aides calamités agricoles, un sacré trou se creuse dans la trésorerie. » D’autres encore demeurent témoins de la scène et ne peuvent qu’implorer la clémence de Mère Nature. « Impossible pour moi, je cultive des arbres de grande taille. Jamais l’arrosage n’atteindra les bourgeons en hauteur, ni même la chaleur des bougies », déplore Julien Thurel avec ses 19 hectares de pommiers et poiriers à Loury, dont les trois quarts ont déjà ouvert. Accalmie dans ce sombre tableau, Micky Guérot, du domaine éponyme à Beaulieu-sur-Loire, dormira sur ses deux oreilles. « Sur notre viticulture au sud de la Loire, nous notons une semaine de retard de croissance comparé à l’autre rive. Comme l’année dernière, j’espère ne déplorer aucune perte pour mes vins des Coteaux du Giennois. »
Des agriculteurs sur les routes départementales
Le Département du Loiret relance son dispositif de viabilité hivernale jusqu'au lundi 4 avril. 53 agents se tiennent ainsi jours et nuits sur le qui-vive pour saler ou racler la neige armés de 30 camions saleurs et déneigeurs. En renfort, 113 agriculteurs dans 59 communes partenaires, notamment dans le Pithiverais, chasseront si besoin les obstructions neigeuses sur la route.
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