L’ancienne gare de Pithiviers transformée en lieu de mémoire, d’éducation et de transmission sur la Shoah

29 juillet 2022

À l’occasion du 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv (les 16 et 17 juillet 1942), le musée de l’ancienne gare de Pithiviers a été inauguré, le 17 juillet, en présence d’Emmanuel Macron. Il est l’un des cinq lieux de mémoire qui constituent le Mémorial de la Shoah, en France.

L’arrivée au camp de Pithiviers des hommes, juifs et étrangers arrêtés lors de la rafle dite du billet vert (14 mai 1941) - photographie pour le journal Le Matin. collection musée de la Résistance nationale – Champigny-sur-Marne/Fonds David Diamant

Le musée de l’ancienne gare de Pithiviers, nouveau lieu loirétain de mémoire, d’éducation et de transmission, complémentaire du Cercil musée mémorial des enfants du Vel d’Hiv d’Orléans, qui fait partie du Mémorial de la Shoah, a été inauguré dimanche 17 juillet par Emmanuel Macron, président de la République. 

Réhabiliter la gare de Pithiviers, longtemps abandonnée aux herbes folles, avait comme « objectif de permettre à chacun de (re)découvrir cette page de notre histoire commune, d’éveiller les consciences sur les conséquences de l’intolérance, du racisme et de l’antisémitisme et sur la nécessaire défense des valeurs républicaines sur lesquelles se fondent notre démocratie », souligne Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah.
 

Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, des rouages de la Shoah

Le rôle des gares de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande dans l’internement et la déportation des Juifs de France est au cœur de l’exposition permanente de ce nouveau musée.
 

Quant au troisième camp loirétain, Jargeau, dont il n'est pas fait mention dans l'exposition, il accueillait les tziganes. 

Le parcours dans le musée

Dans la première salle, anciennement celle des guichets, sur une grande carte on constate que le maillage du réseau ferroviaire, en 1941, était très important. Les trains livraient les marchandises et la nourriture, transportaient les prisonniers de guerre jusqu’aux camps, notamment de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. À l’origine, ces camps étaient destinés aux réfugiés français qui fuyaient face à l'avancée allemande. Ils ont ensuite servi de point d’étape aux prisonniers qui y étaient parqués avant de partir travailler en Allemagne. Après leur départ, il restait les baraquements. Il a été décidé d’y installer les 3 700 hommes Juifs étrangers arrêtés lors de la rafle du billet vert. Ils étaient gérés par l’administration française, sous le contrôle des nazis.

 

La deuxième salle est consacrée, d’abord, à cette rafle du billet vert et à celle du Vel d’hiv. Sont projetées des images réalisées par un reporter allemand. On lit, sur les visages, le désarroi et l’inquiétude des familles qui répondent à la convocation de la police française car ils ignorent où sont emmenés les hommes… L’État français, qui a sellée la politique collaborationniste en juin 40, a convoqué, pour cette première vague d’arrestations, 6 694 juifs étrangers, de 18 à 40 ans. 3 700 ont été envoyés dans les camps de Pithiviers (1 700) et de Beaune-la-Rolande (2 000).

 

Suite à la rafle du Vel d’Hiv, 13 152 personnes ont été arrêtées, les 16 et 17 juillet 1942, par la police française, 8 160 d’entre eux furent parquées au vélodrome, dont 4 115 étaient des enfants. Ce fut la plus grande opération d’arrestations et de déportation de juifs réalisée en France durant la Seconde Guerre mondiale.

Ici est également retracée l’histoire de la Shoah en 1942, année au cours de laquelle huit convois (8 100 personnes) quittèrent les gares de Pithiviers et Beaune-la-Rolande à destination d’Auschwitz-Birkenau. Au total, en 1945, ce seront plus de six millions de Juifs qui auront été assassinés en Europe, victimes du génocide.

80 ans après cette éclipse de l'humanité, il est toujours aussi urgent, peut-être plus que jamais, de rappeler l'histoire pour la conjurer. Scruter la haine dans notre passé pour mieux la déceler dans notre présent.

Emmanuel Macron, discours du 17 juillet 2022
président de la République
L’ancienne gare de Pithiviers transformée en lieu de mémoire et d’éducation sur la Shoah - mur de photos

 

 

 

 

Dans la troisième salle est expliqué comment ont été constitués et organisés ces huit convois de déportés. Du 25 juin au 21 septembre 1942, sont partis, de Pithiviers, 6 convois et 2 de Beaune-la-Rolande passant par les deux gares loirétaines.

 

Sur le mur d’en face, sont projetées les photos des déportés par convoi. 

 

On voit, sur un autre panneau, des photos d’enfants accompagnés d’un texte décrivant le mécanisme des arrestations et déportations des enfants. Comment le gouvernement de Pétain les a livrés à Berlin, comment ils ont été séparés de leur mère, comment sur 4 700 enfants juifs, internés dans les deux camps loirétains, 4 400 ont été déportés et assassinés… 

suzanne

Enfin, sur l’un des murs de la dernière salle, l’ancien bureau du chef de gare, sont projetés des témoignages bouleversants de survivants.

Beaucoup de visiteurs

Le jour de l’ouverture officielle de l’ancienne gare de Pithiviers, le 20 juillet, il y avait beaucoup de visiteurs, de tous les âges. Nous avons rencontré Alain, le premier d’entre eux. Cet habitant de Melun est passionné par la Seconde Guerre mondiale depuis le collège. Dans son cartable, un épais dossier : des coupures de journaux, des photos, des copies de documents… « Au début, je m’intéressais à l’aspect militaire de ce conflit, notamment à la 2e DB du général Leclerc, la libération de Paris… Et de fil en aiguille, je me suis intéressée à la rafle du Vel d’Hiv. Je suis déjà venu voir où étaient situés les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. » 
 

Alain a trouvé la visite très instructive et la scénographie simple mais efficace. Lui qui est incollable sur le sujet, a, grâce à cette visite, « complété ses connaissances et clarifié certains points ». Il en conseille la visite, d’autant plus que c’est l’un des rares musées gratuits pour tous !

Édith Combe

Infos pratiques

  • Ce musée est gratuit
     
  • Ouverture au public : du 18 juillet au 31 août : du mercredi au dimanche de 11 h à 18 h • à partir du 1er septembre : samedi et dimanche de 11 h à 18 h • à partir du 1er octobre : samedi et dimanche de 14 h à 18 h
     
  • Renseignements et réservations pour les groupes : 02 38 72 92 02
     

Des collégiens loirétains primés !

Khadija Bourenane, 15 ans, assistait à l’inauguration du Mémorial où elle a reçu les félicitations d’Emmanuel Macron. Et non sans raison !

Avec ses camarades du collège Max-Jacob de Saint-Jean-de-la-Ruelle, elle a remporté le premier prix dans la catégorie des travaux collectifs au Concours national de la Résistance et de la déportation, épreuve du ministère de l’Éducation nationale pour perpétuer la mémoire.

concours

« La classe a choisi de réaliser des affiches pédagogiques éclaircissant des dates et des chiffres sur un fond d’images, détaille la titulaire mention très bien du brevet. Nous y avons consacré une heure par semaine dans notre planning jusqu’à la remise des travaux fin mai, en plus de recherches sur notre temps libre. Les professeurs nous ont encouragés, mais le challenge et notre curiosité pour l’histoire également. J’irai d’ailleurs bientôt visiter le centre de Pithiviers. »

Sébastien Meurs

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