Comment prévenir les risques liés aux écrans ?

17 novembre 2021

Impossible de passer au travers, les écrans ont envahi notre quotidien : téléphone, tablette, console, télévision, ordinateur, objets connectés… Le Département participe à la Quinzaine loirétaine des usages numériques, du 15 au 27 novembre, à travers laquelle il sensibilise aux impacts des écrans sur la santé et notamment celle des plus jeunes.

Papa lisant une histoire à ses deux fillettes

Les écrans font désormais partie intégrante de notre vie et encore plus de celle de nos jeunes. Les familles comptent en moyenne six types d’appareils dont la plupart sont dans l’espace familial. Nos adolescents grandissent aujourd’hui dans un contexte numérique omniprésent, de nombreuses activités scolaires ou de loisirs, qu’elles soient individuelles ou collectives, impliquent l’utilisation de nouvelles technologies d’information et de communication. Le développement du nomadisme numérique permet en outre d’être connecté, de jouer et d’avoir accès à d’innombrables contenus en tout lieu et quasiment sans interruption. En 2016, 93 % des 12 - 17 ans disposaient d’un téléphone portable, contre 72 % en 2005 selon le baromètre du numérique établi par l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications. Ces chiffres reflètent bien le raz-de-marée technologique qui s’est emparé de toute la population et plus particulièrement des jeunes. En 2018, 88 % des lycéens déclaraient surfer sur internet tous les jours (enquête EnCLASS), ils étaient 23 % en  2003 (enquête Espad). « L’âge auquel un enfant a son premier outil numérique ne cesse de baisser en France : premier smartphone à neuf ans ; première tablette à six ans, signale Thomas Rohmer, président de l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. Il faut remettre de la cohérence éducative dans tout cela. Ce sont des outils voulus, achetés par les adultes qui doivent être conscients qu’équiper leurs enfants de plus en plus tôt n’est pas anodin. »

Si les nouvelles technologies numériques constituent indéniablement des vecteurs de socialisation, d’information ou de loisirs, leurs usages intensifs, notamment à des âges précoces, peuvent générer des conséquences négatives (réduction du temps de sommeil, exposition à des images violentes…). Les outils numériques sont donc susceptibles d’entraîner des comportements problématiques, voire de nouvelle forme d’addiction.

« L’idée n’est pas de diaboliser les écrans, qui font partie de notre vie, mais de donner des repères aux parents pour un bon usage, explique Brigitte Hercent-Salanié, médecin à la Protection maternelle et infantile (PMI) du Loiret. Les écrans ne doivent pas faire écran aux interactions entre adultes et enfants. Les effets négatifs observés chez les enfants et les adolescents ne sont pas liés directement aux écrans mais à l’absence d’interactions qu’ils ont empêchées. Il est nécessaire de se demander ce que l’on n’a pas fait parce qu’on était devant un écran à jouer ou à surfer… Et ceci est valable pour tous les âges ! »

Quel écran pour quel âge ?

Les compétences du bébé ne cessent de se développer dès la naissance s’il interagit en continu avec l’adulte. À travers ces échanges, il apprend, découvre, expérimente… « Lors des consultations, les équipes de la PMI du Département du Loiret accompagnent et guident les parents tout au long de l’année sur différents sujets liés à la parentalité, dont les écrans, commente Brigitte Hercent-Salanié. Quand un enfant pleure en consultation, le parent a souvent le réflexe de lui donner soit sa tétine, soit un smartphone... À partir de cette observation, on prend du temps avec le parent pour échanger avec lui, l’aider à comprendre pourquoi son enfant pleure… »

La PMI propose par exemple à certains parents qui fréquentent les consultations de bénéficier d’un programme de prévention des difficultés langagières, réalisé par l’association 1001 mots : il s’agit d’un soutien à la parentalité qui favorise les interactions et donc le développement du langage.

Chez l’enfant de moins de trois ans, les écrans ne vont pas favoriser le langage, bien au contraire ! Ce sont les interactions avec l’adulte qui vont permettre au langage de se développer. Il faut prendre le temps de parler avec son enfant, de lui lire de petites histoires, de chanter des comptines… De même, mettre un enfant devant une tablette avec un soi-disant jeu d’éveil adapté à son âge ne facilitera pas son développement psychomoteur : il apprend vite à faire le geste de balayer l’écran avec son doigt mais cela ne le rend pas pour autant habile et autonome ! C’est la manipulation des objets, des jouets qui favorisera le développement de sa motricité fine.

Les plus jeunes enfants sont captés par des images dont ils ne comprennent pas tout le sens, ils ne font pas forcément la distinction entre un dessin animé, la publicité, les informations... L’enfant ne comprend pas réellement le sens de cette succession d’images et il risque de confondre le réel et ce qu’ils voient sur les écrans.

La sur-utilisation d’écrans non contrôlée chez le plus grand peut avoir des répercussions sur le sommeil et ses interactions sociales avec un risque de repli sur soi. Le risque est également grand pour lui de voir des images de violences, d’être cyber-harcelé via les réseaux sociaux. D’où l’intérêt pour les parents d’échanger avec leur enfant ou leur adolescent. « Les adultes doivent se remobiliser autour de ces enjeux éducatifs et ne pas se cacher derrière une non-maîtrise technique ("je ne comprends rien à Tik-Tok, à Snapchat"), préconise Thomas Rohmer. Les problématiques techniques ne doivent pas entrer dans le débat de l’accompagnement. Il faut que les parents s’intéressent un minimum à ce que leurs enfants font sur les écrans. Il y a autant d’enjeux dans une partie de Fortnite que dans une partie de foot. Les adultes ne doivent pas oublier de faire preuve de bon sens. Le conseil que je donnerais, c’est de choisir des applications, des jeux en fonction des goûts des parents. Si on opte pour des choses qui nous plaisent, on jouera plus volontiers avec nos enfants. Une partie de jeu vidéo en famille, c’est sympa, ça offre un moment de franche rigolade ! »

Brigitte Hercent-Salanié acquiesce : « Ce qui fonctionne, c’est de prendre le temps d’échanger avec ses enfants (encore les interactions !) Les parents veulent ce qui a de mieux pour leurs enfants mais manquent de repères… Les guider, leur donner des explications permet de les faire évoluer dans leur fonctions parentales. »

Pourtant, « les adultes manquent d’exemplarité, complète Thomas Rohmer. Reconnaissons-le, il nous arrive d’être un peu contradictoires ! Quand on dit à un enfant : pas d’écran, c’est aussi valable pour nous. »

Et de conclure : « Arrêtons de diaboliser ces outils et, par la même occasion, nos enfants. Les écrans ne sont que des écrans. Des outils. Tout dépend de la façon dont on les utilise. Il faut faire confiance à cette génération. Ne pas abandonner. Et les accompagner. »

Quelques repères

Pour les enfants jusqu’à trois ans, pas d’écran non accompagné, l’adulte doit être avec l’enfant et l’écran ne doit pas remplacer les interactions...

Pas d’écrans au moment des repas, pas avant l’école (toute leur capacité d’attention aura alors été détournée par les images que l’enfant a regardées, même s’il s’agit d’un dessin animé).

Pas de console avant six ans.

Quel que soit l’âge, interdire la présence d’écran dans les chambres.

Pas d’écran allumé ou utilisé une heure avant d’aller au lit (on peut couper le wifi la nuit par exemple).

À neuf ans, l’enfant peut aller sur internet accompagné par un adulte. À douze ans, il peut y aller seul mais cela nécessite que ses parents l’aient accompagné et lui aient expliqué les possibles dangers des réseaux sociaux et de certains sites.

Les jeux vidéo (développement des capacités visuelles, des réflexes, du sens de la stratégie) ont du bon si certaines règles ont été définies au préalable : utilisation dans la pièce de vie familiale, respect de la signalétique de l’âge et à des temps dédiés. Quand on y joue à plusieurs, ils favorisent un travail en équipe et jouer avec son enfant à un jeu vidéo est une interaction en soi ! « Les enfants n’ont pas de repères temporels, rappelle Thomas Rohmer. Il faut baliser les moments importants de la journée, et notamment les temps d’écran : combien de temps il va être autorisé à jouer, ce qu’on va faire après… Il faut accompagner les choses avant, pendant et après. "Quand la grande aiguille sera ici, tu éteins la console et tu me la redonnes." C’est une façon de procéder qui entre dans le processus d’autonomisation. »

Il est nécessaire d’établir de règles familiales sur l’usage des écrans négociées avec les adolescents (mais ce sont bien les parents qui décident car le rôle éducatif leur appartient).

Deux conférences sur les conséquences de l’utilisation du numérique sur la santé des jeunes

Le Département vous invite à assister à deux conférences sur les conséquences de l’utilisation du numérique sur la santé des jeunes :

Le 18 novembre à l’Hôtel du Département (15 rue Eugène-Vignat à Orléans)

et

Le 27 novembre à la salle des fêtes de Pithiviers (place Chantoiseau, rue des rouloirs)


Pour vous inscrire : www.epe45.fr

Revenir en haut de page